L’amour du club, la passion : Mahmoud Bouanik a répondu à l’appel du cœur en prenant en main les destinées de la barre technique de l’équipe masculine de handball du Mouloudia Club d’Alger. C’est avec une grande amertume qu’il a assisté à la relégation de ce géant du handball africain. Aujourd’hui, il se lance un défi avec son ancien coéquipier en sélection, Khellil, et d’autres handballeurs pour redorer le blason de son équipe de toujours, en visant l’accession à l’issue de la saison. Dans cet entretien, Bouanik évoque le triste épisode qu’il a vécu, le travail entamé, ainsi que la situation de la petite balle algérienne qui a, malheureusement ; perdu toute sa grandeur sur la scène internationale.
Dans un récent entretien, le président du CSA/MCA nous a confié que vous avez accepté de revenir au club par amour du Mouloudia afin d’aider votre équipe de toujours à retrouver l’élite ?
Avant tout, je tiens à vous dire que c’est vraiment malheureux qu’une grande équipe comme le Mouloudia soit condamnée au purgatoire, ce que personne ne pouvait jamais imaginer et qui fait mal au cœur à la fois. Pour revenir à votre question, il s’agit, comme vous le dites, de l’amour du club qui m’a fait revenir et de la volonté ressentie par le président et son staff, au même titre que le manager général du club, pour rebâtir l’équipe masculine de handball sur de nouvelles bases.
Avez-vous entamé votre mission ?
Oui, j’ai entamé ma mission avec l’objectif de jouer l’accession et de retrouver l’élite, tout en bâtissant une équipe d’avenir afin d’atteindre les objectifs tracés. Il est évident que l’équipe doit être renforcée par des joueurs expérimentés.
Si on revient à la relégation du Mouloudia, comment avez-vous vécu la relégation et qu’elles étaient les raisons pour lesquelles vous vous êtes retiré au cours de la saison ?
C’est vraiment malheureux de parler de la relégation de l’équipe masculine de handball. Le MCA a rétrogradé bien avant la fin de la saison, car les joueurs ont fini par déserter le club en raison des promesses et des engagements non tenus par les anciens dirigeants. Personnellement, j’ai préféré me retirer, car je ne voulais pas assister au massacre de l’équipe.
À ce point, le climat était-il malsain ?
À vrai dire, tout a commencé lorsque nous avions pris l’équipe en main. Nous l’avions trouvée avec un effectif vraiment amoindri. Nous avions donc commencé à travailler pour bâtir une équipe compétitive, sans afficher nos ambitions ; nous visons une place sur le podium, ce que nous avons réalisé malgré des conditions difficiles. L’année suivante, nous visions le titre, sans le déclarer officiellement, avec l’objectif de jouer le titre africain dans deux à trois ans. C’était un plan de travail bien tracé, mais malheureusement, ce rêve s’était effondré. Vous connaissez la suite.
Vous faites allusion à la mauvaise gestion et aux promesses non tenues par l’ancien bureau ?
Si je dois choisir le terme, il ne s’agissait pas seulement de mauvaise gestion, mais carrément de sabotage. C’était cette situation qui m’a poussé à démissionner pour éviter d’assister au massacre.
Si l’on parle maintenant de la nouvelle saison, comment se présente-t-elle pour vous ?
Il est évident que nous visons l’accession, mais les choses ne se présentent pas aussi facilement que certains pourraient le penser, même si nous renforçons l’équipe comme nous le souhaitons avec des noms capables d’apporter un plus. Le Mouloudia sera l’équipe à battre ; chaque adversaire jouera contre nous le match de la saison. Il faut prendre les choses du bon côté, car il est préférable de jouer des rencontres difficiles et de relever le défi que d’avoir des confrontations faciles avant de tomber sur un gros morceau où l’enjeu sera grandiose.
À l’image du Mouloudia, le handball algérien n’est plus présent dans les grands événements internationaux, à quoi attribuez-vous cette situation à la mauvaise gestion ou à la formation ?
C’est beaucoup plus de la mauvaise gestion. Comment voulez-vous qu’un entraîneur forme des athlètes d’avenir en étant payé seulement 20 000 dinars …
Il y a aussi le manque d’infrastructures qui pourrait nuire à la formation des athlètes ?
Je ne partage pas votre avis sur ce point. Il est vrai que la disponibilité des infrastructures est un facteur de réussite, mais cela ne peut, en aucun cas, justifier la mauvaise formation des athlètes. À notre époque, il y avait moins d’infrastructures, mais cela n’a pas empêché les entraîneurs de nous former et de nous illustrer sur la scène internationale. Je pense qu’il faut revoir beaucoup de choses dans le handball si l’on veut que cette discipline retrouve son lustre d’antan.
Avant la fin de l’année, il y aura des élections pour le renouvellement des différentes fédérations, dont celle du handball. Les anciens handballeurs sont-ils associés pour que le changement puisse avoir lieu ?
C’est malheureux de le dire, mais les anciens handballeurs sont écartés ; ils n’ont pas besoin de nous. Comme je viens de le dire, si nous souhaitons un changement, beaucoup de choses sont à revoir.
K.M.