Sid Ali Boudina : «La mauvaise gestion est derrière l’absence des résultats»
Tirant à boulets rouges
Demi-finaliste aux derniers Championnats du monde d’aviron 2024 à St. Catharines, Ontario, 18e place des épreuves d’aviron (Skiff messieurs individuel) des Jeux olympiques de Paris 2024 sur trente et un participants, le rameur algérien Sid Ali Boudina a fait l’objet d’acerbes critiques. Ceux qui connaissent toutefois, les difficultés à laquelle est confrontée cette discipline en Algérie, peuvent dire que ces performances relèvent déjà du miracle. Cependant, Sid Ali Boudina n’a pas hésité à sortir de son mutisme pour s’expliquer.
Evoquant son parcours lors des derniers Championnats du monde, Sid Ali Boudina a lancé un message direct aux responsables de cette discipline, assimilé à un cri de détresse : « Je pense que l’aviron traverse une situation délicate. Si on veut décaler un athlète, il faut bien préparer l’échange, malheureusement la relève n’existe pas. L’importance doit être accordée aux jeunes qui manquent vraiment d’attention, à ce moment on peut s’en passer de Boudina. Pour revenir sur les derniers Championnats du monde, ce n’était pas une mince affaire de se qualifier à la demi-finale, car on connait les exigences du haut niveau. J’avais senti une certaine frustration, tenant compte de mon ambition de réaliser une meilleure performance. » Dira Boudina
« C’est le directoire qui a privé la présence de mon entraîneur»
Quant à la décision de la Fédération algérienne d’aviron, celle de priver l’entraîneur de Sid Ali Boudina de se déplacer avec son athlète aux Championnats du monde, l’athlète déclare : « La fédération d’aviron est gérée par un directoire, c’est lui qui a pris la décision à ce que je prenne part à cette compétition de haut niveau, et sans entraîneur. Le ministre m’a soutenu, il m’en voulait même de ne pas l’avoir mis au courant de ce problème pour le régler. Personnellement, je ne voulais pas saisir le ministre juste pour cette affaire. Ce genre de problème devait être réglé au niveau de la fédération sans avoir recours aux hautes instances».
« Les moyens financiers débloqués par les pouvoirs publics sont mal gérés»
Écœuré par tout ce qu’il a enduré, Sid Ali Boudina ne pouvait, en aucun, cacher le soleil avec un tamis : « La volonté politique existe, les pouvoirs publics débloquent de gros moyens financiers pour le sport en général afin que les athlètes puissent réaliser de bons résultats, malheureusement, cet argent est mal géré par les fédérations. Il ne faut pas se voiler la face, le problème du sport en Algérie est la mauvaise gestion. Sans parler de la marginalisation des anciens athlètes et techniciens », ajoute Sid Ali Boudina.
« Il faut mettre des compétences à la tête des fédérations »
Toujours dans le même contexte, il souhaite que les choses changent dans le bon sens à partir du mois de décembre prochain, à l’occasion des élections au sein des différentes fédérations pour un nouveau mandat olympique : « Les mentalités doivent changer, lors des prochaines élections, il faut élire des gens qui veulent servir le sport, qui ont un projet et barrer la route aux opportunistes qui viennent se servir », a-t-il indiqué.
« Seule une gestion saine nous assure des résultats à Los Angeles »
Sans vouloir égratigner quiconque, Sid Ali Boudina n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour répondre indirectement à ceux qui réclament des résultats en affirmant : « Je souhaite que les candidats aux différentes fédérations se présentent avec un projet, qu’ils ne viennent pas pour régler des comptes, car si on veut progresser, seule une bonne gestion pourra nous assurer des médailles à Los Angeles. La pâte existe au même titre que la volonté politique, je peux vous assurer que certains pays développés ne mettent pas assez de moyens comme nous, ce que j’ai constaté. Ils arrivent à réaliser les résultats probants pour la simple raison qu’ils ont une politique de gestion digne de ce nom, d’où la nécessité de nous appuyer sur des compétences avérées ».
K.M.