Djokovic à la recherche de son nouvel entraineur et probablement d’idées nouvelles
Novak Djokovic est pour le moment dénué d’entraîneur avant d’entamer le Masters 1000 de Monte-Carlo (6-14 avril). A la recherche d’un profil pour l’accompagner pour quelques années, les dernières de son immense carrière, le Serbe va prendre son temps pour dégoter l’homme de la situation, car les enjeux sont immenses. Le technicienMats Wilander en décrypte une grande partie.
Novak Djokovic, tout juste sorti d’un cru 2023 auréolé d’un petit chelem, ne se trouvait pas vraiment à ce que l’on peut appeler un tournant de sa carrière. Au sommet, à 36 ans, le Serbe a pourtant vu un nouveau virage se dessiner, avec sa défaite en demi-finale de l’Open de l’Australie en janvier et sa chute surprise au troisième tour d’Indian Wells mi-mars. Courbe qu’il a décidée de négocier très serrée en se séparant de son entraîneur avec qui il a tout gagné, Goran Ivanisevic, au terme de cinq ans de collaboration fructueuse.
“Il y avait de la saturation. Et il s’est lassé de moi et je me suis lassé de lui”, s’est épanché le désormais ex-coach, dans les colonnes du média serbe Sportklub. Au vu du contexte sportif délicat, ou du moins pas à la hauteur du standing de “Djoko”, la nouvelle a des allures d’une petite catastrophe. Mais aux yeux de notre consultant Matts Wilander, il faut voir un peu plus loin.
« Cela lui donnera de la fraicheur »
Évidemment, c’est très surprenant quand vous avez deux hommes qui semblent être si proches en dehors du court et sur le court, comme Goran Ivanisevic et Novak Djokovic”, résume-t-il. Reste qu’au vu des déclarations post-rupture, dans lesquelles les deux exévoquent ‘des hauts et des bas’ ou les tensionsdans leur relation, il conviendrait presque de lire qu’ils se sont séparés pour le meilleur.
« Je pense qu’il a besoin d’un peu d’enthousiasme pour son tennis, non pas pour gagner, mais pour le style qu’il doit adopter à l’avenir afin de continuer à vouloir gagner des matches de tennis », rebondit Wilander. Le Suédois va même un peu plus loin : “En fait, j’aime bien ça. Je pense que si cela arrivait à un joueur moins sérieux, je serais inquiet. Mais Novak Djokovic va continuer à faire tout ce qu’il peut pour avoir un avantage dans tous les domaines. Je pense qu’il doit trouver quelqu’un qui lui dit : ‘Hé, j’aimerais que tu frappes la balle un peu plus fort parfois, ou que tu serves et volleyes un peu plus’. Je pense que cela lui donnera de la fraîcheur”.
Quelle trace laissée par Ivanisevic ?
Si à Monte-Carlo (6-14 avril), qui marquera son retour à la compétition après la déroute d’Indian Wells, il n’est pas certain que Djokovic aura d’ores et déjà arrêté son choix sur un nom pour l’accompagner, ce sera l’héritage d’Ivanisevic qui primera. Et quel héritage : “Goran Ivanisevic est un génie absolu en matière de service, s’émerveille Mats Wilander. Il avait l’un des meilleurs services de tous les temps. […] Les améliorations qu’il a apportées à Novak Djokovic lui ont permis de servir un peu plus fort, je crois, mais aussi avec plus de précision et plus de variété, en frappant plus de services en corps, en allant chercher le deuxième service, en allant chercher un ace parfois”. Une imprévisibilité qui l’a aidé à devenir le joueur le plus titré de tous les temps
Mais alors comment apporter à un joueur qui semble avoir déjà tout ? “’Il a juste besoin d’idées nouvelles”, répond Wilander. Passé les 35 ans, le Serbe ne va évidemment pas révolutionner son tennis, qui l’a fait régner sur le circuit, il a plutôt besoin d’un homme de confiance, qui va lui insuffler quelques idées d’amélioration. Le profil de Nenad Zimonjic, aperçu à l’entraînement aux côtés du Djokeraprès l’éviction de son entraîneur, plait beaucoup à Wilander : “Je pense que quelqu’un qui est un spécialiste du double, comme Nenad Zimonjic, pourrait très probablement convaincre Novak d’au moins essayer de monter au filet, de servir et de volleyer un peu plus. […] Si ces nouvelles idées s’accompagnent d’une amélioration technique, comme au filet, alors je pense qu’il aura frappé un grand coup.”
Le profil du coach est d’autant plus intéressant que le joueur ne s’apprête pas à engager un entraîneur pour bâtir une carrière, mais plutôt intégrer son entourage pour la finir en apothéose. C’est en tout cas l’avis de Mats Wilander : “Parler la même langue est très important quand on est un peu plus âgé pour que l’entraîneur puisse s’intégrer, non seulement dans l’esprit de Novak, mais aussi dans sa famille, avec ses enfants, et qu’il devienne un membre de la famille, pour ainsi dire. Il ne s’agit pas d’une relation qui va durer 15 ans. Nous parlons de 2 à 5 ans.