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« La victoire est le fruit de grands sacrifices »

Abdelkader Bouamer, médaillé d’or à Paris :

Médaillé d’or aux Jeux paralympiques de Paris 2024, en s’imposant devant le champion du monde de la catégorie (60 kg-J1), le para-judoka Abdelkader Bouamer a été accueilli en héros à son retour. Le natif de Boudouaou (Boumerdès) nous parle dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder de plusieurs points, dont son parcours et ses sacrifices pour arriver à cette consécration.

Propos recueillis par Abdallah GUESSOUM

Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Abdelkader Bouamer, je suis né le 25 juillet 1983 à Boudouaou. J’ai commencé le judo à l’âge de six ans et j’ai obtenu ma première licence avec le club de l’ESM Boudouaou en 1989. J’ai évolué dans toutes les catégories et c’est là que j’ai découvert le haut niveau à travers des entraînements rigoureux et intenses. Je continue encore de m’entraîner dans ce club. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à réfléchir à mon avenir dans cette discipline, avec la volonté de m’améliorer et de viser toujours plus haut.
Comment a été votre qualification aux Jeux paralympiques ?
Au début des qualifications, j’ai réussi à gagner des places supplémentaires au classement paralympique, ce qui m’a permis de me qualifier pour les Jeux de Paris 2024. J’ai participé au Grand Chelem à Bakou, en Azerbaïdjan, en septembre 2023, où j’ai occupé la 9e place. Par manque d’expérience, je suis passé à côté d’une meilleure performance. Lors du Grand Prix de Tokyo au Japon en décembre, j’ai remporté la médaille d’argent. Lors du nouveau classement de l’IBSA (Association internationale des sports pour mal-voyants), malgré un nombre réduit de judokas, un groupe de qualité était présent. Au Grand Prix de Heidelberg en Allemagne (février 2024), je me suis classé 7e après une blessure. J’ai remporté la 5e place au Grand Prix d’Antalya en Turquie en avril dernier. Au Grand Prix de Tbilissi en Géorgie, en mai 2024, j’ai remporté la médaille de bronze, ce qui a constitué le dernier tournoi de qualification pour les Jeux paralympiques de Paris.

Quel est votre sentiment après cette médaille d’or ?
Je suis très content de cette médaille d’or aux Jeux paralympiques. J’ai bien géré mes combats jusqu’en finale. Pour mes premiers Jeux paralympiques, réaliser l’or est extraordinaire pour moi et pour le para-judo algérien. Je dédie mon titre à mon entraîneur, ma famille et à tous ceux qui ont cru en mes capacités. J’ai fait un très beau parcours, et je suis fier de ce que j’ai vécu aux Jeux paralympiques ; ce sont des moments forts que l’on n’oubliera jamais. Cela n’a pas été facile, d’autant que la victoire n’est venue qu’après de grands sacrifices et un travail acharné au fil des années, grâce à une bonne préparation sur plusieurs niveaux et aux efforts de mon entraîneur. J’ai réussi à représenter l’Algérie de la meilleure manière possible en hissant haut le drapeau algérien et en entendant l’hymne national.

Comment peut-on devenir un champion ?
Pour moi, un champion, c’est d’abord quelqu’un qui respecte les autres et qui sait se préparer. C’est dans la préparation que l’on trouve la sérénité nécessaire pour exprimer un bon niveau. On se prépare du mieux qu’on peut, on sait qu’on a fait ce qu’il faut, et donc on a bonne conscience. Mais pour réussir, il faut aussi avoir une bonne attitude pendant l’entraînement. La préparation à la compétition doit également être mentale ; il faut adopter une attitude positive et gagnante. Il est essentiel de développer une passion si forte que vous aurez la motivation nécessaire pour dépasser chaque difficulté. Chacune de vos faiblesses doit devenir une nouvelle force au service de votre ascension. Il faut être animé d’une volonté de dépassement, convaincu que vous êtes plus fort que les autres.

Qu’est-ce que t’apporte le judo dans ta vie ? 
Le judo m’a appris à découvrir le respect et l’amitié, je me sens à l’aise dans cette salle de Boudouaou c’est ici que j’ai commencé ce sport. J’ai réussi à créer des liens avec de nombreuses personnes, je pense avoir commencé à apprécier le judo grâce à toutes les valeurs morales enseignées. Le judo me permet d’avoir un but, j’aime beaucoup me surpasser et aller plus loin. Je pense que la valeur la plus estimée est le respect, on se respecte tous. Je dirais que c’est le courage, se donner à fond à l’entraînement. Je crois qu’il faut avoir beaucoup de courage pour y aller et toujours à l’avant.

On vous laisse le soin de conclure…
Je souhaite représenter dignement mon pays dans les compétitions internationales. J’ai eu beaucoup de chance, car cela a été un véritable succès grâce au soutien que j’ai reçu. À cette occasion, je tiens à remercier ceux qui m’ont guidé tout au long de ma vie et qui ont toujours été là pour moi. Ma reconnaissance va en particulier à mon entraîneur, Karim Asli, qui m’a permis de fixer de nouveaux objectifs dans ma carrière sportive. Je souhaite également remercier chaque personne qui a contribué à ma réussite : chaque entraîneur, dirigeant, enseignant, ami, médecin, kinésithérapeute, ainsi que tous ceux qui ont été derrière cette médaille d’or. Je remercie le gouvernement algérien, le ministère de la Jeunesse et des Sports, le Comité olympique, la Fédération algérienne des handisports, Mme Fouzia Naama, wali de Boumerdès, mon entraîneur du club ESM Boudouaou Karim Asli, et Mounia Kerkar de l’équipe nationale. Je n’oublie pas tous ceux qui nous soutiennent, ainsi que les éducateurs des structures spécialisées qui jouent un rôle crucial en enfilant le kimono aux côtés des adultes et des personnes handicapées.

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