Aldeguer, la remontée de feu qui confirme l’émergence du « nouveau Márquez »
Choisi par Ducati dès 2022

Quand Marc Márquez a doublé Marco Bezzecchi à neuf tours de l’arrivée, la victoire en Autriche semblait déjà acquise pour le champion espagnol. Mais un autre nom a surgi avec fracas : celui de Fermín Aldeguer.
Auteur d’une remontée impressionnante, le pilote Gresini-Ducati a su se hisser en deuxième position et mettre sous pression le leader du championnat jusqu’au drapeau à damier. À 20 ans seulement, l’Espagnol n’a pas encore décroché son premier succès en MotoGP, mais cette deuxième place, après ses deux podiums en France, le propulse déjà parmi les grandes révélations de la saison. Une confirmation pour celui qui fut déniché très tôt par Luigi Dall’Igna. Le directeur général de Ducati avait misé sur Aldeguer dès 2022, alors que le jeune Espagnol, à peine 17 ans, découvrait sa première saison complète en Moto2 après une année partagée entre la MotoE et la classe intermédiaire. Sans passage par la Moto3, son parcours atypique ne l’a pas empêché de séduire Dall’Igna : « J’ai pensé que c’était un grand pilote. Alors j’ai compris qu’il valait mieux l’avoir comme ami… », a-t-il confié sur Sky Sport. Une intuition confirmée par la promotion officielle en MotoGP avec le team Gresini début 2025.
Aux yeux de l’ingénieur italien, l’avenir est clair : « Fermín est le futur de Ducati. » L’éloge ne vient pas seulement des dirigeants : Márquez lui-même a tenu à saluer son compatriote après sa victoire autrichienne. Dans AS, le nonuple champion du monde a déclaré : « Sa remontée a été incroyable. J’ai été surpris de voir son nom sur ma pitboard. Je ne pensais pas que quelqu’un pourrait nous rattraper, Bezzecchi et moi. » Et d’ajouter : « Parmi les pilotes Ducati, Fermín est celui qui gère le mieux le pneu arrière. Son style est très particulier : il freine tard mais ne stresse pas la moto. » Un pilotage agressif en entrée de virage, comme en témoignent ses dépassements sur Acosta et Bezzecchi, mais aussi d’une finesse rare dans la gestion des pneus, déjà visible lorsqu’il courait en Moto2 avec l’équipe italienne Speed Up. Pourtant, Aldeguer reste encore en quête de régularité.
Après un déclic en 2023, marqué par quatre victoires consécutives en fin de saison, il n’a remporté « que » trois courses en 2024, malgré une vitesse de pointe indiscutable. Le GP du Portugal reste emblématique : quatrième malgré deux long lap penalty. Cette irrégularité est aujourd’hui son principal point faible, mais son tempérament et son ambition ne laissent aucun doute sur son potentiel. « J’ai souvent un très bon rythme en fin de course. S’il y a quelqu’un capable de tenir tête à Marquez dans les derniers tours, c’est probablement moi », a-t-il confié à Dazn Espagne. Le message est clair : l’Espagne tient peut-être déjà son héritier. Et Ducati, grâce à l’intuition de Dall’Igna, a pris une longueur d’avance sur le futur.
Amayas LAAZIB



