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REMCO EVENEPOEL (SOUDAL-QUICK STEP) A-T-IL RÉUSSI SA VUELTA ?

Tour d’Espagne

Auteur d’un nouveau numéro ce jeudi, Remco Evenepoel est le seul coureur de la Vuelta à totaliser trois succès à l’issue de la 18e étape. Le Belge est également assuré de remporter le classement de la montagne. Peut-on affirmer qu’il a réussi son Tour d’Espagne ? À défaut de l’avoir remportée, cette Vuelta aura assurément nourri sa légende.

« Le suivre, c’est comme suivre un scooter ». Juste après l’arrivée, une goutte perlant sur le front, Damiano Caruso a bien résumé ce à quoi ressemble une échappée avec Remco Evenepoel. L’Italien, quatrième du dernier Giro, a concédé 4’44 » au vainqueur du jour sur cette 18e étape. Il est pourtant celui qui a le mieux pétrolé derrière le Belge, parti se balader seul à 29 km de la ligne. Près de cinq minutes sur le deuxième, c’est un écart à la Merckx. Ou plutôt à la Remco devrait-on dire aujourd’hui, tant il devient coutumier de ce genre de démonstrations.
Samedi dernier, il avait fallu un grand Romain Bardet pour l’empêcher (2e à 1’12 ») de creuser un gouffre pareil sur son premier poursuivant, le 3e (Lennert Van Eetvelt) ayant terminé à 6’33 » à Larra-Belagua. Vainqueur en début de Vuelta (3e étape, à Arinsal) quand il jouait encore le général (il endossait alors le maillot rouge), Evenepoel en est à trois succès en Espagne. Il est le seul dans ce cas avant les trois dernières étapes.
« C’est génial de terminer la Vuelta de cette manière, a-t-il déclaré. Après le Tourmalet, il fallait que je tourne la page. Même si le plan de gagner le classement général s’est écroulé, je gagne trois des plus belles étapes et le maillot de meilleur grimpeur, cela restera comme une Vuelta incroyable. »

Incroyable. Le mot est peut-être fort, mais c’est le sien. Peut-on dire pour autant qu’il aurait signé pour ce bilan au départ de la Vuelta ? Sans doute pas. Un an après y avoir remporté son premier grand tour, et quatre mois après avoir été éjecté du Giro à cause du covid, le leader de Soudal-Quick Step ne venait que pour conserver son titre. Il a échoué, indéniablement. Sa soudaine et violente défaillance sur la route du Tourmalet restera le plus gros échec de son début de carrière. Elle ne remet pas vraiment en cause son statut et ses prétentions à long terme mais demeure un mystère, le Belge ayant retrouvé son plein rendement dès le lendemain.

DÉLESTÉ DU GÉNÉRAL, REMCO A COURU COMME LUI SEUL SAIT LE FAIRE
Mais au soir de ce coup de massue, il n’imaginait peut-être pas pouvoir refaire surface dans une autre peau que celle d’un leader absolu. Il aurait pu quitter la course, en catimini, comme il l’imaginait un temps le soir de son effondrement. Mais sa réaction fut à l’inverse celle d’un champion, embrassant à pleine bouche sa mue en baroudeur intérimaire. La petite phrase de Caruso, bien que teinté de dépit et de résignation, est bien une forme d’hommage, dans la lignée des nombreuses marques de respect qu’a reçues le Belge ces derniers jours, à l’image de Romain Bardet, qui n’a pas caché son admiration pour son cadet de dix ans.
Sa défaillance au Tourmalet a certes plombé le suspense pour le reste de la Vuelta (merci tout de même aux Jumbo-Visma d’avoir guerroyé en interne). Mais elle nous a offert la chance de le voir sous une autre lumière. Jusqu’à présent, le Remco des grands tours est un Remco en contrôle, tout en calcul, soucieux de ne pas exploser en plein vol. Presqu’un Remco contre-nature. Une fois délesté du général, Remco a couru comme lui seul sait le faire. À l’offensive, parfois de loin, la différence étant cette fois qu’on lui laissait le droit de s’échapper.

EN ATTENDANT UNE 4E VICTOIRE D’ÉTAPE ?
Descendu d’un étage, relégué dans la caste des baroudeurs, on ne pourra pas lui reprocher d’avoir fait la fine bouche. L’ancien footballeur a joué tous les ballons et a souvent mis au fond. C’était tant mieux pour le spectacle. Mais plus regrettable pour ces compagnons de fugue, qui doivent se contenter des miettes. Il restera la frustration de ne pas l’avoir vu ferrailler jusqu’au bout pour le maillot rouge. Mais à la régulière, rien ne dit qu’il aurait fini par déloger un des trois Jumbo-Visma du podium.
Il montera tout de même dessus, dimanche, pour recevoir le prix de la montagne. Vu l’énergie qu’il a mis à défendre sa tunique blanche à pois bleu, on présume que c’est pour lui plus qu’un lot de consolation. Avec trois victoires d’étapes – en attendant la quatrième samedi lors de la dernière journée en montagne ? – le maillot du meilleur grimpeur et des numéros chaque jour ou presque, Evenepoel aura quoi qu’il arrive marqué la Vuelta de son empreinte. Pas comme il l’envisageait, certes. Mais le Belge sera parvenu à montrer, malgré le vent contraire, qu’il reste un coureur unique en son genre. À défaut de l’avoir remporté, ce Tour d’Espagne aura nourri sa légende.

Il convient de rappeler à nos lecteurs que, Remco Evenepoel, né le 25 janvier 2000 à Alost, est un coureur cycliste belge, membre de l’équipe Soudal Quick-Step. Il pratique de 5 à 17 ans le football, et est sélectionné plusieurs fois dans les équipes nationales belges. Reconverti dans le cyclisme, il devient dès ses débuts le grand espoir du cyclisme belge. Il remporte en 2018, dès sa seconde année sportive, les championnats du Monde, d’Europe et de Belgique pour la catégorie Juniors à la fois pour le contre-la-montre et la course en ligne, soit les six titres possibles. Il fait ses débuts professionnels en 2019, à l’âge de 19 ans. Il remporte notamment la Classique de Saint-Sébastien en 2019, 2022 et 2023, le championnat d’Europe du contre-la-montre en 2019, ainsi que plusieurs courses à étapes dont le Tour de Pologne en 2020, le Tour de Belgique en 2019 et en 2021 et le Tour du Danemark en 2021. En 2022, il gagne son premier Monument, Liège-Bastogne-Liège, puis le Tour d’Espagne avant de devenir champion du monde sur route. Il s’impose de nouveau sur Liège-Bastogne-Liège la saison suivante, avant de remporter le titre de champion du monde du contre-la-montre.

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