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Bouchekriou : « On visera le podium lors de la prochaine CAN »

Le technicien algérien Salah Bouchekriou a repris les rênes de la sélection nationale masculine de handball pour la septième fois de sa carrière. Il a abordé sans détours, à l’occasion du premier stage organisé à Alger, son retour, la situation du groupe, le rajeunissement de l’effectif et les ambitions pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations 2026 au Rwanda.
Un premier mot sur votre retour à la tête de l’équipe nationale. Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter cette mission ?
J’ai accepté de revenir en sélection, car il s’agit des couleurs de mon pays. Ce n’était pas prévu initialement dans mon parcours récent, j’étais d’ailleurs engagé sur plusieurs autres projets, mais lorsque le président de la Fédération algérienne, Mourad Boussebt, m’a personnellement demandé de revenir, de prendre en charge cette nouvelle étape pour l’équipe nationale, j’ai spontanément accepté, sans hésiter. Au-delà de l’aspect sportif, c’est avant tout un devoir national, une mission de cœur qui me porte, car je suis conscient de l’importance que revêt le handball dans notre pays et ce que cela représente pour nos jeunes. Il y a une vraie responsabilité à accompagner cette équipe, celle de donner une nouvelle impulsion à la sélection et d’inspirer les générations à venir.
Vous dites que ce retour n’était pas prévu, pouvez-vous préciser ?
Effectivement, il était question qu’un sélectionneur étranger prenne en charge l’équipe nationale lors des discussions initiales au sein de la Fédération. Tout le monde s’attendait à une telle nomination. Finalement, la situation a évolué comme cela arrive parfois dans la vie sportive, il y a eu des changements de circonstances, et on m’a sollicité à nouveau pour relever ce défi. Ce n’est pas la première fois que je reprends la sélection dans un moment difficile, et à chaque fois, c’est avec le même sens du devoir. J’ai déjà connu des périodes encore plus critiques et complexes que celle que nous traversons actuellement, des situations qui ont nécessité beaucoup de rigueur, d’humilité et de persévérance pour remettre l’équipe sur les rails. Cette expérience m’a appris à composer avec l’imprévu et à mobiliser toutes mes compétences pour reconstruire une dynamique collective.
Dans quel état avez-vous retrouvé la sélection après le dernier Championnat du monde ?
Je sais qu’après le Mondial, les joueurs étaient affectés moralement et physiquement. L’Algérie a terminé le précédent mondial à l’avant-dernière place, et ce classement, malheureusement, a laissé des traces tangibles dans les esprits et sur le plan de la motivation. Beaucoup de joueurs ont eu du mal à retrouver leur pleine confiance, certains étaient encore sous le choc de la compétition, avec une envie de rebondir, mais aussi une inquiétude à surmonter. Il est évident que notre tâche aujourd’hui est de reconstruire solidement cette équipe, de redonner confiance à tout le groupe et à chaque élément, et surtout de recréer une dynamique positive, porteuse d’espoir et de résultats.
Certains cadres n’ont pas répondu à votre convocation pour ce stage. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Certains joueurs expérimentés ont refusé de revenir en sélection, et leur décision, bien que regrettable pour le collectif, doit être respectée sans jugement hâtif. Chacun a ses raisons, souvent personnelles ou liées à sa situation professionnelle, que je tente toujours de comprendre avec attention. Je prends pour exemple Benhalima, un élément clé qui m’a fait savoir qu’il n’était pas prêt moralement à revenir dans l’immédiat, préférant prendre du recul avant de songer à un éventuel retour. De son côté, Bastien Khermouche a décidé de mettre un terme à sa carrière internationale, une décision qu’il a mûrement réfléchie et que nous acceptons avec respect. Il est libre de son choix, et pour moi, il est important que chaque joueur puisse s’exprimer et évoluer selon ses aspirations.
Vous avez convoqué plusieurs nouveaux visages pour ce stage. Est-ce une volonté d’opérer un rajeunissement profond ?
Oui, c’est une démarche pleinement assumée de ma part. J’ai fait appel à plusieurs nouveaux joueurs, car il est devenu essentiel, à mon sens, de penser dès maintenant à rajeunir la sélection nationale. Il faut préparer l’avenir, c’est une nécessité pour que l’équipe algérienne reste compétitive sur le long terme et pour créer une base solide capable de porter le handball algérien vers de nouveaux sommets dans les années à venir.
Quelle place accordez-vous à l’expérience dans ce processus ?
L’expérience reste à mes yeux indispensable et incontournable. Elle doit servir avant tout à encadrer la jeunesse, à lui transmettre les exigences du haut niveau et à éviter les erreurs de parcours. Nous avons dans le groupe des joueurs chevronnés qui connaissent bien les réalités du haut niveau, qui ont affronté les moments difficiles et qui savent ce que représente le maillot national. D’autres découvrent à peine l’atmosphère de la sélection, ils commencent leur apprentissage et doivent pouvoir compter sur les plus anciens pour progresser sereinement.
Vous avez décidé de ne pas programmer de match amical durant ce stage. Pourquoi ce choix ?
C’est un choix mûrement réfléchi et pleinement assumé. J’ai décidé de ne pas programmer de match amical lors de ce stage du mois de novembre car, pour moi, il est crucial de nous concentrer d’abord sur l’aspect tactique et technique de la préparation. Nous avons intégré 8 nouveaux joueurs au sein du groupe, et il me semble essentiel de travailler en priorité sur la cohésion. Un match amical, à ce stade, aurait pu disperser notre attention et ne pas permettre d’installer les bases sereinement. Les matches amicaux viendront dans un second temps, une fois que le groupe sera plus homogène.
Quelle sera la suite du programme de préparation ?
Nous avons déjà planifié deux autres stages avec les joueurs locaux en prévision de la prochaine date IHF. L’objectif est de renforcer la base locale, de faire émerger des talents nationaux, tout en maintenant un contact régulier et efficace avec les professionnels qui évoluent à l’étranger.
Qu’en est-il de l’état de santé de certains cadres, à l’image du portier Khelifa Ghodbane ?
Ghodbane est actuellement blessé, c’est exact, mais il sera avec nous lors des prochains stages dès que son état le permettra. C’est un joueur important pour l’équipe, exemplaire dans son comportement et toujours prêt à se mobiliser pour le groupe.
Le groupe actuel peut-il constituer la base de la future équipe pour la CAN 2026 ?
Nous travaillons chaque jour dans cette optique et nous voulons installer une véritable continuité dans le groupe. Bien sûr, d’ici la CAN, des ajustements pourront être faits au fil de la préparation, en fonction de l’évolution de chacun et des performantes réalisées. Mais l’idée centrale est d’installer progressivement un noyau solide, une ossature stable qui puisse servir de repère et d’appui pour le futur.
La prochaine Coupe d’Afrique des nations se jouera au Rwanda. Avec quel objectif y allez-vous ?
Nous irons en conquérants ! L’objectif affiché et assumé est de viser le podium, de jouer les premiers rôles malgré la concurrence rude et le niveau élevé des autres nations africaines. L’Algérie doit impérativement retrouver sa place parmi les grandes équipes du continent, c’est à la fois un objectif sportif et une volonté de redorer le blason du handball algérien.
Êtes-vous inquiet du retard accumulé dans la préparation ?
Non, personnellement, je ne considère pas que nous soyons en retard à ce stade. Ce qui importe avant tout, c’est de bien gérer le temps qui nous reste, d’optimiser chaque instant de la préparation pour consolider les bases et avancer sereinement. Ce stage a déjà permis de relancer la machine, de remobiliser le groupe et de repartir sur de bonnes bases.
Comment voyez-vous l’évolution du handball national ?
Le potentiel existe, il est indéniable, mais il est impératif de structurer davantage notre discipline, de travailler dans la durée et d’offrir bien plus d’occasions d’émergence aux jeunes talents issus de toutes les régions du pays. Je reste profondément convaincu que l’Algérie redeviendra une référence africaine dans le handball, à condition que nous croyions collectivement en nos capacités et que nous investissions sans relâche dans la formation et l’organisation. L’Algérie a toujours eu son mot à dire sur la scène africaine du handball, et même si la concurrence sera encore plus rude dans les années à venir, c’est à nous de nous battre pour maintenir cette position.
Propos recueillis par A. A.

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