« fière de voir mon nom gravé dans le palmarès mondial »
Lynda Hamri, fraîchement médaillée aux JP-Paris 2024 :
Elle a brandi l’étendard du défi et a su, avec sa volonté, surmonter les difficultés. Elle a défié son handicap, ses nécessités personnelles et les circonstances difficiles, et elle est aujourd’hui considérée comme l’une des championnes du monde du sport pour personnes à besoins spécifiques. Il s’agit de Lynda Hamri. Aujourd’hui, elle a ouvert son cœur au journal « Planète Sport » pour nous raconter son expérience réussie et donner l’exemple à suivre.
Entretien réalisé par Mourad MELLAH
Tout d’abord, nous vous félicitons pour votre excellent parcours, notamment pour votre médaille aux derniers Jeux paralympiques.
A mon tour, je vous remercie infiniment, surtout pour le grand intérêt que votre journal porte à travers vous à notre égard, la catégorie des athlètes aux besoins spécifiques, qui est marginalisée par d’autres médias et organes de presse.
Commençons par une question classique. Voudriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Volontiers ! Je m’appelle Lynda Hamri. Je suis née le 8 février 1989 à Hydra, mais j’ai grandi à Bab El-Oued, un quartier populaire. Je suis athlète d’élite, spécialisée dans le saut en longueur, catégorie T12. Je dirai que je suis une personne très simple et modeste qui aime vivre tranquillement.
Parlons de votre parcours sportif, notamment les tournois auxquels vous aviez pris part ?
J’ai participé à des tournois nationaux dans différentes régions du pays depuis 2007, année depuis laquelle je domine en tant que championne d’Algérie jusqu’à ce jour.
Et qu’en est-il de vos participations internationales ?
En 2007, j’ai participé au Championnat d’Afrique, organisé à l’époque par l’Algérie, et j’ai remporté une médaille de bronze. C’était la première compétition internationale à laquelle je participais, et entre 2007 et 2011, ma carrière s’est interrompue à cause de problèmes de santé. Mais j’ai pu me relever après ce passage à vide car je n’ai pas arrêté de m’entraîner. Lors de la même année, en 2011, j’ai participé au Championnat d’Afrique au Mozambique, où j’ai remporté une médaille de bronze. Bien que l’expérience des Jeux paralympiques de Londres 2012 ait été ma première compétition paralympique, j’ai obtenu la médaille d’argent. Ensuite, en 2013, j’ai participé au Championnat du monde à Lyon, en France, où j’ai battu mon record d’Afrique et remporté la médaille d’argent. En 2015, j’ai participé au Championnat du monde en Corée du Sud et j’ai remporté la médaille d’or. Au même Championnat du monde pour personnes ayant des besoins spécifiques au Qatar, j’ai remporté la médaille d’argent. Quant aux Jeux paralympiques de 2016 au Brésil, j’ai été couronnée de la médaille de bronze. En 2017, j’ai participé aux Championnats du monde à Londres et j’ai également remporté le bronze. Le dernier tournoi auquel j’ai participé avant la propagation de l’épidémie de Covid-19 était le Championnat de Dubaï en 2019, où j’ai décroché la médaille d’argent. J’ai été qualifiée pour les Jeux paralympiques de Tokyo, reportés à 2021, et enfin, j’ai réussi à tirer mon épingle du jeu et à gagner la médaille de bronze aux Paralympiques de Paris 2024.
Juste pour référence, ce que beaucoup ne savent pas de moi, c’est que mes débuts ont été dans le sport pour personnes valides. J’étais devenue championne d’Algérie dans la catégorie des minimes, puis vice-championne dans la catégorie junior. Mais je me suis retrouvée en situation de handicap en raison de la détérioration de ma vision, causée par une maladie chronique rare que j’ai développée en 2007. C’est alors qu’a eu lieu le grand tournant de ma carrière sportive, lorsque j’ai décidé de rejoindre la communauté des personnes à besoins spécifiques.
Vous avez interrompu votre activité sportive en 2023, n’est-ce-pas ?
Ah ! En 2023, j’ai interrompu mon activité et mes participations pendant deux ans en raison de ma grossesse, ce qui m’a fait manquer les Championnats du monde à cette époque-là. J’avoue que la reprise a été très difficile pour moi, surtout en raison du problème de poids que j’avais pris ; je pesais 70 kg, alors que la discipline du saut en longueur demande souplesse et agilité. Cependant, avec l’aide précieuse et continue de mon entraîneur Youcef Redouane, qui m’a soutenue depuis le début pour surmonter cette situation délicate, j’ai pu retrouver confiance en moi et accomplir de belles choses. Je me suis préparée avec rigueur et détermination pendant un an.
Votre parcours est bien étoffé de médailles de différentes couleurs. Maintenant parlez-nous de vos perspectives futures ?
J’avoue que je suis très fière de voir mon nom demeure à exister dans le palmarès international. C’est un objectif primordial pour moi. D’ailleurs, la constance et voir notre emblème flotter plus haut à Paris est un sentiment indescriptible, surtout de monter sur le podium et voir le public vous saluer pour ta réussite, c’est vraiment grandissime.
En fin, nous vous félicitons encore une fois et vous souhaitons plein succès à l’avenir. Nous vous laissons le soin pour conclure…
Je vous remercie énormément de m’avoir accordé cet entretien. Je rends un grand hommage à notre président pour le grand soutien moral et matériel qu’il nous a accordé depuis un certain temps afin de nous mettre dans de bonnes conditions de préparation. Je remercie le MJS et notre Fédération pour toute l’aide et l’assistance à notre égard. Je n’oublie pas de remercier le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abderrahmane Hammad et la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Kaouter Krikou, pour l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservés à notre arrivée. J’invite, entre autres, nos instances sportives à mettre en place des complexes sportifs spécialisés pour notre frange de sportifs.