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Djamal Berrandou : « L’Algérie est un réservoir de jeunes talents

Entretien avec un ancien champion de la boxe thaïlandaise

C’est un de ces pionniers qui ont vu naître et évoluer le Muay Thaï sur le sol français. Djamel Berrandou, fils de parents émigrés algériens, dans la région parisienne, a été orienté vers le Muay Thaï, par son professeur à l’âge de 17 ans, au regard de ses bonnes capacités. C’était au temps de l’avènement de cette discipline en France, au début des années 1970, par le grand champion Roger Paschy. En 1984, il décroche le titre de champion de France, après avoir battu le tenant du titre, Jean Luc Legouaz. Dans son sillage, il a formé ses frères, devenus aussi de grands champions. Rencontré à Oran, il nous ouvre son cœur.

Faites-vous connaître à nos lecteurs ?
« Je suis issu d’une famille d’émigrés oranais, né en région parisienne. Comme tous les jeunes de notre époque, notre passion c’était les sports de combat. J’ai débuté la pratique sportive très jeune, par le karaté. A l’âge de 17 ans, mon professeur de karaté ayant décelé chez moi de bonnes capacités physiques et techniques, il m’a alors orienté vers le Muay Thaï au début des années 1970. Ce sport, venait juste de faire son entrée en France par de grands champions, dont le champion du monde Roger Paschy, alors que le Muay Thaï, n’était pratiqué, que par une minorité d’immigrants laotiens à Paris ».

Alors c’était le début d’une belle aventure pour vous, n’est-ce pas ?
« J’ai choisi la boxe Thaï pour ses valeurs. Il est très développé en Belgique, Angleterre, Italie, surtout en Hollande. En France, ce sport a fait une bonne entrée, vu que nous étions près de 3000 licenciés au départ dans divers clubs de l’Hexagone, notamment dans la région parisienne. J’ai débuté mes compétitions, par décrocher le titre de champion des Yvelines en 1983, puis le titre de champion de France en 1984. J’ai participé à plusieurs combats en Europe, en Thaïlande, à Hong Kong, au Japon et j’ai réussi à m’adjuger le titre de champion d’Europe en 1985 ».
En pleine progression, vous vous êtes éclipsé pour un certain temps des rings, une explication ?
« Je me préparais intensément pour combattre contre un champion d’Europe turc de nationalité hollandaise au nom de Yamali, mais pour des bobos de santé, j’ai dû me retirer. Nous rencontrons d’énormes difficultés et d’entraves, liées à notre qualité d’émigrés. Certaines presses, n’évoquaient que des champions français, alors pas une seule ligne sur les champions émigrés, dont je faisais partie. Même chez les promoteurs de combat, il y avait de la discrimination. On nous sollicitait juste quand, les promoteurs, ne trouvaient de combattants. Cependant, nous nous sommes toujours imposés et on a gagné l’estime du public tant algérien que français. Mon titre de champion d’Europe, m’a permis de dégoter un emploi et plus tard, les autorités locales de Poissy, m’ont permis d’ouvrir une salle de sport ».

Dans votre sillage, vous avez formé vos frères, devenus aussi des champions, qu’en dites-vous ?
« J’ai profité de ma parfaite connaissance de ce sport, pour former mes trois frères, Chamseddine, Mohamed et Mahmoud, devenus également de grands champions. Chamseddine, dès l’âge de 23 ans, a disputé de nombreux combats dans la catégorie des super welters. Il a, à son actif, plusieurs victoires et a eu honneur de ramener un précieux nul face au champion mondial le Thaïlandais Yuthakan. Il a également disputé de nombreux combats et autant de victoires. Quant à Mahmoud le plus jeune, a participé, lui, aussi, à de prestigieux combats, et n’a concédé aucune défaite dans sa catégorie des super- légers.

En Algérie, vous comptez de nombreux amis, dont Slimane le fondateur du Muay Thai à Oran, un mot à ce sujet …
« Je n’ai jamais coupé mes racines algériennes, notamment oranaises, puisque je viens souvent en Algérie, pour voir des amis, dont des entraîneurs ou anciens champions. La boxe Thai est née en Algérie, précisément à Oran, grâce à son fondateur Slimane. C’est à travers Slimane, qu’on a commencé à venir en Algérie pour promouvoir encore cette discipline et rencontrer d’autres anciens champions et éducateurs aujourd’hui, à l’image de Hamid Belbachir et de Mohamed, le frère de Slimane, qui restent aujourd’hui les pionniers du Muy Thaï en Algérie. Les premiers galas de Muay Thai, ont été organisés ici au palais des sports d’Oran vers les années 1986 et c’est à partir de là, la discipline s’est développée ».
Aujourd’hui, vous détenez une certaine réputation, d’avoir formé de grands champions…
« Après avoir mis fin à ma carrière de boxeur à l’âge de 30 ans, je suis passé de l’autre côté de la barrière pour former des champions. J’ai eu l’occasion d’entraîner de grands champions avec mon frère Abddallah, qui connaissait aussi bien les Thaïlandais. J’ai commencé comme entraîneur dans un club à Poissy, puis à Sarthe ville et dans bien d’autres lieux et j’ai eu l’opportunité de former aussi de bons entraîneurs, à l’image de Daniel Voirin, aujourd’hui un des grands coachs de MMA. Actuellement, j’encadre au sein d’un club « Jamboxing » à Argenteuil. L’Algérie détient un réservoir immense de bons talents, cherchant seulement un bon encadrement et une bonne prise en charge ».

Et pour conclure…
« Le Muay Thaï en Algérie doit avoir sa fédération propre, eu égard à sa progression fulgurante. La discipline compte de nombreux adeptes et d’excellents encadreurs. La majorité des camps d’entraînement en Thaïlande sont aujourd’hui fréquentés par des Algériens ».

Propos recueillis par : Sadek Belkheir

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