Pourquoi l’Espagnol fait-il toujours des erreurs ?
Le Sachsenring, les erreurs de Martín propulsent Bagnaia
Tombé au premier virage de l’avant dernier tour alors qu’il était en tête, Jorge a offert à Pecco la victoire et la tête du classement général.
La neuvième manche du Championnat MotoGP sur le spectaculaire et difficile toboggan du Sachsenring (Allemagne) se conclut avec la quatrième victoire consécutive de la saison pour Pecco Bagnaia, maître de la tactique et du rythme, qui conquiert également la première place du classement général grâce à l’erreur fatale de Jorge Martín, qui chute dans le virage 1 de l’avant dernier tour alors qu’il était en tête. Bagnaia maintient un rythme entre 1’21.0 et 1’21.3 (avec trois dixièmes d’écart) à 22 reprises sur 30 tours : un pilote imperturbable. Son dernier tour en 1’23.457, le plus lent de la course pour Pecco, démontre sa lucidité froide pour contrôler la course. Ainsi, le numéro un de Ducati, capable de « lire » et de gérer la course (notamment ses pneus rouges) comme seuls les grands champions savent le faire, accumule des points importants qui influencent le championnat. À l’opposé, Martín, après son retour au succès lors de la course sprint de samedi, chute brutalement, se retrouvant à 10 points derrière Pecco. Jorge Martín : trois victoires consécutives au Sachsenring (le doublé de 2023 et la course sprint de ce samedi), ratant le quadruplé en chutant juste avant la ligne d’arrivée. Sous la pression de Bagnaia, Martín perd pied, offrant à Pecco un cadeau inespéré, à quelques jours de son mariage prévu à Pesaro le 20 juillet.
Question et réponse
« J’ai tout tenté pour prendre la tête dès le début de la course », a raconté un Bagnaia radieux dans le parc fermé, « j’ai essayé de gérer car je pensais que Jorge pourrait avoir des problèmes avec ses pneus. Ce fut dur et difficile, mais cette première victoire au Sachsenring restera inoubliable pour moi. » En effet, « je tombe toujours de la même manière, je perds l’avant à l’entrée du virage », a commenté Martín tête basse après la course. La question est « Pourquoi ? ». Il semble y avoir un problème dans la gestion de course de Jorge, un souci avec la gestion des pneus, comme cela a été souligné à plusieurs reprises, notamment en 2023 à Phillip Island et récemment à Assen, avec une gomme avant défaillante. Choisir le bon pneu ne suffit pas si ce pneu ne parvient pas à fonctionner correctement sur la piste. L’erreur de Martín au Sachsenring est lourde, surtout à ce stade, où à Borgo Panigale, ils se rallieront derrière Bagnaia, d’autant plus que l’Espagnol passe chez Aprilia et aura du mal à bénéficier des modifications à venir dans la seconde moitié du championnat. La compétition entre Bagnaia et Martín est loin d’être terminée. Maintenant, la route est très difficile pour Jorge. Ducati évaluera s’il est plus judicieux de viser une deuxième place finale pour Marc Márquez, ce qui justifierait encore plus leur choix de l’avoir recruté.
Márquez
L’autre protagoniste est Marc Márquez. Avec une démonstration de force et une remontée impressionnante, il est capable de surmonter les problèmes techniques (de la moto) et physiques (deux chutes, notamment un highside vendredi après-midi). Brillant deuxième sur les Ducati 2023 devant son excellent frère Alex, avec Bastianini rapide par moments, quatrième (malgré un départ de la troisième ligne, Enea était huitième après le premier tour, devant Marc Márquez finalement deuxième) et Morbidelli (avec un superbe dépassement initial sur Bagnaia) cinquième, ralenti à mi-course par une gomme avant usée. Si Martín est le grand perdant du Sachsenring, « offrant » à un super Bagnaia qui ne quitte jamais le sommet du podium et la tête du championnat, Marc Márquez est là pour qu’on lui tire notre chapeau. Non seulement pour sa deuxième place qui pèse dans le classement général (le champion de Cervera est troisième derrière Bagnaia et Martín, et devant Bastianini, Viñales, Acosta, Binder, Di Gianantonio, Espargaró, A. Márquez, Morbidelli, Bezzecchi), mais aussi pour la manière dont il l’a obtenue, en partant de la 13e position, avec des temps extraordinaires, comme le montre sa télémétrie, surtout dans les virages les plus difficiles.
Les meilleurs temps
La télémétrie et les temps au tour confirment le saut technologique de cette MotoGP. Tout comme à Assen la semaine précédente, le Sachsenring a montré une grande différence entre les temps au tour et ceux de la course par rapport à 2023. Cette année, la pole position (de Martín) a été réalisée en 1’19.423 contre 1’21.409 (de Bagnaia) en 2023. Martín a également signé le meilleur tour en course 2024 (1’20.667) par rapport à 1’21.225 de Zarco en 2023. La course sprint 2024 a duré 20’18.904 (Martín) contre 20’21.871 l’année précédente. De même pour la course de dimanche : 40’40.063 (Bagnaia) contre 40’52.449 (Martín) en 2023. Un autre point technique d’importance est la comparaison entre la meilleure Ducati GP23 à l’arrivée en 2023 et 2024 : en 2023, Martín (1er) en 40.52.449 ; en 2024, M. Márquez (2e) en 40.43.867, soit 9”582 de moins que l’année dernière. Des temps qui parlent d’eux-mêmes et expliquent mieux que des mots ce qui se passe dans ce spectacle de la MotoGP. Le championnat est ouvert. Le Sachsenring confirme que Pecco Bagnaia est sur la bonne voie pour son troisième titre mondial MotoGP, le quatrième titre de sa carrière marqué par la substance plutôt que par les feux de la rampe. La carrière de Pecco reste gravée, non seulement dans les annales, mais aussi dans le cœur des gens.
Amayas LAAZIB