Omnisport

L’Unanimité de faire du sport scolaire  une priorité

Comment détecter et former un champion

Lors du Forum des sports de la radio Chaine deux, qui s’est tenu hier au centre culturel Aissa-Messaoudi de la Radio nationale, d’anciens sportifs et techniciens ont été invités pour discuter et échanger leurs avis sur le sujet de la détection et de la formation des futurs champions.
« C’est à l’école qu’on a pu détecter Hassiba Boulmerka »
« La base, c’est le sport scolaire, c’est là qu’on détecte les jeunes. Ensuite, il faut les intégrer dans des clubs afin qu’ils puissent, ces jeunes-là, améliorer leur niveau et s’adapter au travail en groupe. À une époque, tout le monde nous aidait, le directeur du stade nous ouvrait la porte, même sur le plan financier les entreprises nationales nous aidaient énormément. Tous les frais de déplacements et d’hébergements étaient couverts par ces entreprises, et c’était très important pour nous, nous étions à l’aise. Nous, en tant qu’entraîneurs, nous étions unis. Par exemple, pour nous à Constantine, nous avions un groupe régional composé de Kamel Benmissi, Abdelmadjid Kahlouche, Cherif Grabssi, Youcef Boulfelfel, qui était président de la ligue de Constantine et entraîneur, et qui était considéré comme le meilleur athlète de cette époque-là. Ainsi, nous avons réuni toutes les compétences pour détecter et superviser des jeunes talents, et nous avons commencé à travailler tous ensemble. Nous avions un stade où nous entraînions, les moyens de récupération étaient disponibles, tous ces détails nous ont donné l’opportunité de travailler dans des conditions confortables.
Si on prend l’exemple de Hassiba Boulmerka, qui est l’une des championnes légendaires de l’Algérie, lorsqu’elle était chez nous à l’école moyenne, elle était déjà une férue de sport. Elle a pratiqué plusieurs disciplines sportives tant collectives qu’individuelles, comme le handball, le basket-ball. Elle était douée dans plusieurs sports et une fois, on a organisé une compétition de cross-country au niveau de la commune de Constantine, et Hassiba était toujours la meilleure et se classait à la première place. Donc dès qu’on a découvert qu’elle avait un énorme potentiel en athlétisme, on l’a emmenée au stade Hamlaoui, une infrastructure qui offrait tous les moyens d’une bonne préparation, étant donné qu’il possédait surtout une piste d’athlétisme, ce qui convenait parfaitement au travail spécifique qu’elle faisait. Hassiba. Et nous avons eu le soutien de beaucoup de monde, à leur tête le directeur du stade, Ahmed Khrief, qui assistait même avec nous aux entraînements jusqu’à des heures tardives de la nuit. On a eu également l’aide et le soutien d’Ahmed Zemmouri, le directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya de Constantine, et c’est grâce à cette union et à la contribution de tout le monde qu’on a réussi à faire de Hassiba Boulmerka une grande championne par la suite. Il faut dire que les moyens qui étaient à notre disposition à cette époque-là étaient certes minimes, mais ils étaient efficaces et utiles dans le travail qu’on faisait. Il faut préciser également que la réforme sportive de 1975 nous a beaucoup aidés, et les clubs financés par les entreprises nationales comme le club du DNC et ensuite le MO Constantine ont joué un rôle très important dans la réussite de plusieurs athlètes issus de Constantine. Car, mis à part Hassiba Boulmerka, nous avions sept autres de nos sportifs en équipe nationale d’athlétisme. » Dira Aboud Lebad, ancien entraîneur de Hassiba Boulmerka
« Une feuille de route est mise en place pour le sport scolaire »
« Il y a une feuille de route qui est mise en place par les autorités concernant le sport scolaire. C’est l’une des priorités du ministère des Sports, pour justement s’inscrire dans les orientations du gouvernement, à savoir la prise en charge des jeunes. Il va y avoir une convention avec le sport au niveau scolaire et au niveau universitaire, et aussi concernant la formation professionnelle. Tout cela est au programme de cette feuille de route qui va être réalisée incessamment. Donc, nous allons travailler dans ce sens, car le sport scolaire c’est la base pour le sport en général et tenter d’élargir cette base pour la détection. C’est une obligation pour la réussite dans ce domaine et pour essayer de donner plus de chances aux athlètes et tenter par la suite de les orienter vers les clubs, puis les équipes nationales, et leur prise en charge au très haut niveau » affirme Mourad Meziane, directeur des jeunes talents au ministère des Sports.
« Le sportif doit être mis dans les meilleures conditions dès son jeune âge »
« La détection se faisait à l’époque au niveau des écoles, dès le primaire, on détectait les sportifs dans leur jeune âge et déjà là on disait par exemple que ce jeune a un potentiel et qu’il va réussir plus tard à faire une belle carrière en l’orientant vers un sport spécifique. Maintenant, dans les écoles cette pratique a quasiment disparu, les enfants font du sport à l’école mais ils ne sont plus suivis ni repérés. Parfois on peut trouver même des éducateurs sportifs dans des établissements scolaires qui n’ont rien à voir avec le sport et qui eux-mêmes ne sont pas formés. Donc, dans ces conditions, on a perdu cette détection à l’école. Moi, personnellement, je peux dire que quand j’étais à l’école à Lakhdaria, ma ville natale, ils m’ont orienté. Quand j’ai commencé à faire du sport à l’école, je jouais au handball et j’ai même joué au football. Lorsque les entraîneurs te voyaient jouer, ils te disaient automatiquement : « Toi tu seras un champion un jour ». Et en tant qu’enfant, tu mets cette remarque dans ta tête et tu crois plus en toi pour réussir et faire ce que tu veux au fond. Ensuite, j’avais mon oncle maternel qui faisait de la boxe et je l’ai suivi ; on peut dire que c’est lui qui m’a formé. Il voyait en moi un futur champion. Un jour, il m’a dit : « Toi tu seras un grand champion, souviens-toi de cette phrase. » C’est pour dire qu’il y a toujours des gens qui ont cette intuition pour détecter des jeunes. Une fois détectés au niveau de l’école, ces enfants doivent être suivis et pris en charge au niveau des clubs, puis au niveau des équipes nationales. Nous avons plusieurs exemples d’anciens champions à suivre. Moi, j’avais la chance de réussir et d’être un champion olympique. Les Allalou, Sief, Guerni, Hammed, Makhloufi, il y a plusieurs modèles à suivre. Il n’y a rien de magique, pour réussir il faut suivre des méthodes et mettre à la disposition les moyens nécessaires pour que ce jeune athlète devienne un grand champion. » Dira Mohamed Allalou, ancien champion olympique en boxe. En somme, tout le monde est unanime à dire qu’il faut accorder une grande importance au sport scolaire pour assurer la détection des jeunes talents, mais aussi assurer le suivi de l’athlète et le mettre dans les meilleures conditions possibles si on veut à l’avenir former des futurs champions.
Synthèse par N. E.

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