MOTOSPORTS

Bagnaia-Martín,   un duel en six actes

Jorge est un métronome, désormais il faut un magicien nommé Pecco

Ce dimanche en Indonésie se tiendra la première des cinq courses hors d’Europe, avant l’épilogue à Valence (le 17 novembre). L’Espagnol est en tête avec 24 points d’avance, mais l’Italien sait comment remonter…
«Nous ne toucherons pas un seul écrou sur les motos d’Enea et de Jorge ». Après la course de Misano Adriatico, alors que chez Ducati on hésitait entre se réjouir pour la victoire d’Enea Bastianini — avec en prime les 100 victoires en Championnat du monde et le cinquième titre Constructeurs consécutif — ou pleurer amèrement la chute de Francesco Bagnaia, le directeur de l’équipe, Davide Tardozzi, promettait une bataille jusqu’au bout. « Nous ne ferons rien qui entraverait les performances d’un pilote Ducati jusqu’au dernier tour de la dernière course », a-t-il précisé en appuyant bien sur ses mots, évoquant le duel imminent entre les deux leaders de Misano, Enea Bastianini et Jorge Martín, dans cet ordre au classement du Grand Prix.
Faire preuve de sagesse
La phase cruciale du Championnat du monde commence, avec les équipes et les pilotes qui sont déjà en route pour l’Indonésie, où se déroulera la course ce dimanche : la première des cinq manches en dehors de l’Europe. Martín, après sa défaite qui lui a tout de même permis de grappiller 20 points sur Bagnaia, arrive avec une avance de 24 points au classement. « Mais ce n’est pas tant que ça… », souriait en coin Gino Borsoi, directeur de l’équipe Pramac. Entre la frustration d’une victoire presque acquise et cette petite avancée, dont on mesurera l’importance dans deux mois, il préfère voir le verre à moitié plein. « C’est rageant, car Jorge méritait de gagner, d’autant plus que c’était la 100e victoire lors d’un GP où nous étions le sponsor principal, explique le « Cobra », surnom qu’il a hérité lorsqu’il a percuté un serpent en piste lors du GP de Malaisie à Shah Alam en 125cc. Enea a saisi l’opportunité, sachant que Jorge, pour éviter la chute, n’allait pas résister. Il a été intelligent en pensant au championnat. Au final, quand on fait les comptes, on voit qu’on a pris un avantage sur Pecco, et 24 points, c’est un bon matelas. Les erreurs arrivent, même les champions font des fautes, car le niveau est de plus en plus élevé. Mais voir que les autres aussi rencontrent des difficultés nous rassure un peu. »
Six zéros contre trois
Le 222 n’est pas le numéro de Tony Cairoli, la légende du motocross, mais le nombre de points encore à distribuer d’ici à la grande finale du 17 novembre à Valence. Avec 37 points à gagner par week-end, l’avance de l’Espagnol de l’équipe Pramac équivaut à moins d’une course. « Et dire que je pensais qu’il ne restait que cinq courses, ça me rassure », a été le seul sourire que Bagnaia a esquissé dimanche après-midi. Frustré, non pas tant par sa chute en remontée, mais par ce pneu arrière qui, pendant la moitié de la course, ne s’est pas comporté comme il l’aurait dû. C’est la deuxième fois que cela arrive à Pecco cette saison (la première étant lors de la sprint à Aragon), alors que l’an dernier, cela s’était produit au Montmeló, et à Martín lors du Qatar. Et bien que cette année tous les pilotes louent les progrès de Michelin, ces incidents, comme Bagnaia l’a souligné, « sont hors de notre contrôle » et peuvent avoir un impact décisif sur le résultat final.
Plus droit à l’erreur
Désormais, Bagnaia ne peut plus se permettre d’erreurs. Malgré le fait qu’il ait remporté la moitié des courses disputées – sept victoires contre deux pour Martín, Bastianini et Márquez, et une seule pour Viñales – c’est Jorge qui est en tête, bien que sa dernière victoire remonte à Le Mans, il y a quatre mois. Les six abandons de Pecco entre les GP et les Sprints pèsent lourd, contre seulement trois (presque quatre, si l’on compte le point de Misano 1) pour l’Espagnol. Par rapport à l’an dernier, Martín compte 25 points de plus au classement (341 contre 316), tandis que Bagnaia en a 2 de moins (317 contre 319). Mais surtout, Martín semble avoir trouvé la sérénité qui fait la différence dans les moments décisifs.
Des incertitudes multiples
Le test de Mandalika sera révélateur à cet égard : il y a un an, la course indonésienne était également la 15e du calendrier, mais après son triomphe dans la sprint, Martín n’a pas pu savourer son passage en tête au classement pendant plus de 24 heures. Il est tombé en pleine échappée, seulement 23 heures et… 59 minutes après sa victoire du samedi. Bagnaia partait alors 13e et avait réalisé l’une de ses plus belles courses, remontant tous ses adversaires. La vérité, c’est qu’en mettant de côté Bastianini et Marc Márquez, respectivement 3e et 4e avec 59 et 60 points de retard et loin d’être hors-jeu, les six courses restantes se dérouleront sur des circuits où les deux protagonistes excellent. Si un avantage existe pour l’un ou l’autre, il est donc extrêmement mince. Si l’on prend en compte les facteurs externes — l’état des revêtements, des circuits plus étroits, des conditions météorologiques imprévisibles et extrêmes, entre chaleur, froid, humidité et pluie, sans oublier la fatigue physique et psychologique de six courses (douze si l’on compte les sprints) en huit semaines — faire des pronostics devient presque impossible. Quoi qu’il en soit, pour conclure avec Tardozzi : « Celui qui est en tête du championnat aujourd’hui le mérite. Et, quel que soit le vainqueur, toute la famille Ducati sera sous le podium pour l’applaudir. »
Amayas LAAZIB

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