Le cyclisme algérien enregistre ses dernières années l’encadrement de la gent féminine dans cette discipline, qui dans un passé récent était la propriété des masculins chez nous. Or, certaines sportives à la conviction affichée sont entrées dans le monde du vélo avec détermination et réalisme. C’est l’exemple de notre invitée d’aujourd’hui, Khadidja Araoui, qui nous a livrés cet entretien sur sa passion du cyclisme mais aussi les hauts et les bas de son parcours sportif.
Propos recueillis par Mourad Mellah
Planète Sport : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis née à Oran en 1990, faisant partie de l’équipe nationale algérienne de cyclisme, et précédemment dans l’équipe nationale de triathlon. Je suis également titulaire d’un diplôme d’ingénieur en informatique.
Voudriez-vous nous expliquer comment avez-vous rejoint le cyclisme, sachant que vous faisiez partie de l’EN de triathlon ?
J’ai atterri dans le cyclisme grâce au triathlon, une discipline que j’adorais (et que j’aime toujours). Comme j’étais bonne sur le vélo, on m’a proposé de participer aux championnats d’Algérie de cyclisme. Heureusement j’ai honoré ma titularisation en remportant deux médailles dont l’une dans l’épreuve contre la montre derrière la championne d’Afrique en titre.
Quels sont les clubs dans lesquels vous vous êtes illustrée ?
Au début de ma carrière sportive, je fus partie du Club Naftal Oran, mais actuellement j’endosse le maillot du club Amal El Malah, Ain Témouchent.
Vous avez surement participé dans certains tournois nationaux et internationaux, qu’en est-il de vos sorties ?
Comme je suis nouvelle dans la discipline (un an et des poussières), entre autres, j’ai eu le droit aux participations suivantes dans lesquelles je me suis qualifiée : les Championnats d’Afrique qui ont un peu mal tourné pour moi à cause d’une grosse chute qui avait contraint ma progression durant la course. Là, j’ai tout de même acquis la 4e place dans le contre la montre par équipe mixte, et les Jeux Sportifs Arabes cette fois-ci en Algérie. Je n’ai malheureusement pas pu aller aux Championnats Arabes de l’année passée (décembre) car je traversais une période de maladie. J’ai aussi gagné la deuxième place dans le classement général du tour de la Syrie, en remportant avec brio une étape rude de ce tour.
Comment estimez-vous votre participation aux les Jeux Sportifs Arabes-Algérie 2023 (Tipaza) ?
A vrai dire, j’ai vécu des moments très intenses au milieu du groupe et une belle expérience à l’occasion de ces jeux, ayant pris part dans notre pays, de surcroît, mes proches étaient tous là pour me soutenir, ça m’a boostée davantage.
Est- ce que vous vous attendiez à réaliser de belles performances ?
J’ai gagné trois médailles au total, dans ces jeux, mais je m’attendais à plus (je suis une éternelle insatisfaite). Franchement, je voulais remporter une médaille dans le contre-la-montre individuel. Une épreuve où je suis championne d’Algérie actuellement, mais ce n’était pas ma journée, un point de côté m’avait déchirée, ajoutant à cela les conditions climatiques étaient torrides, il faisait 50 degrés, mais c’étaient des conditions pour tout le monde pas que pour moi bien que je sois à la base asthmatique, mais je ne suis pas une mauvaise perdante, ma coéquipière a défendu son titre, c’est l’Algérie qui a gagné. Le reste des médailles que j’ai gagnées étaient bien méritées, après plus de deux mois d’absence en Amérique latine pour un stage en altitude que je me suis permis en vue de la préparation en prévision de cette échéance d’envergure arabe.
Quelles sont les difficultés qui entravent votre parcours sportif ?
Ma première difficulté c’est ma santé, je suis Cœliaque et j’ai beaucoup de difficulté quand je suis en Algérie à trouver ce que je mange et donc ça altère ma récupération, mais après tout je reste optimiste, tout en faisant de mon mieux pour y remédier, en sachant que pleine d’athlète de haut niveau ont le même problème, à savoir le tennisman mondial, Novak Djokovic. Ainsi que l’aspect technique du vélo, notamment la « ruse” des cyclistes me jouent parfois des tours, un peu moins maintenant mais comparée aux athlètes qui ont fait les catégories, je reste amoindrie, mais j’apprends vite et j’adore les défis.
Peut-on savoir si vous avez l’ambition d’entamer une carrière professionnelle ?
Ah ça ! J’aimerais bien. Ce serait l’idéal pour moi, mais j’ai entamé ma carrière en cyclisme un peu en retard, peu connue dans le monde du cyclisme. Je ne sais pas si ce modeste temps me permettra d’atteindre cet objectif qui reste, à mon humble avis, réalisable.
Vous songez sûrement à votre avenir, quels sont vos objectifs à moyen et long terme ?
Je vous informe qu’à court terme, j’ai les Championnats Arabes et les Jeux Africains cette année, j’espère pouvoir y être en forme ainsi que les Championnats d’Afrique en mars 2023, qui seront qualificatifs pour les JO 2023 de Paris. J’espère être en super forme pour y arriver.
On vous laisse le soin de conclure
Ce que je pourrais dire à toutes les personnes qui veulent réussir, n’écoutez pas les avis négatifs de certaines personnes, mais au contraire faites ce que vous aimez faire sans hésitations, tout en ayant confiance en soi. On doit rester patient, peu importe le prix, l’âge, ou la difficulté, jusqu’à ce que notre optimisme nous guide jusqu’au bout de nos rêves et espérances.
Un appel à formule à l’attention des instances sportives du pays ?
Mon appel est simple. J’invite nos instances sportives et hauts responsables de l’État à accorder de l’attention envers le reste des sports en Algérie (excepté le football), car on est en train d’utiliser cette connotation « reste des sports » équivoque aux miettes pour crier secours, tout en espérant que ça puisse peut-être interpeller certains consciencieux… Il faut dire qu’on se donne et on s’adonne dans ce qu’on fait ! En cyclisme par exemple, c’est des risques qu’on prend au quotidien, on peut sortir de chez soi et ne plus y revenir.
A notre tour, nous vous souhaitons plein de succès dans votre vie professionnelle et aussi dans votre parcours sportif.
Je ne saurais vous remercier autant pour l’intérêt que votre organe de presse Planète Sport accorde à travers vous à l’omnisport en Algérie, notamment notre discipline (le cyclisme) presque ignorée par les médias nationaux.
