MOTOSPORTS
Retour aux moteurs thermiques
Le Championnat du monde des rallyes (WRC) se prépare à tourner la page de l’ère hybride dans la catégorie Rally1 dès la saison prochaine. Après des mois de débat et une forte hausse des coûts de réparation des unités hybrides, le WRC semble déterminé à revenir à des moteurs thermiques, à la fois pour des raisons financières et pratiques.
Une décision née d’un coût de maintenance prohibitif
L’abandon de la technologie hybride en WRC a été mis à l’ordre du jour à la suite d’une modification du guide d’utilisation des unités hybrides par le fournisseur Compact Dynamics, introduite lors de l’Acropolis Rally de septembre. Désormais, si une unité hybride subit trois chocs supérieurs à 15G ou un choc de plus de 25G, elle doit être renvoyée au fournisseur pour des réparations en profondeur, un processus coûteux et pouvant durer plusieurs mois. Jusqu’alors, les équipes avaient la possibilité de réinitialiser les unités sur place.
Richard Millener, directeur de l’équipe M-Sport Ford, a exprimé sa préoccupation quant à ces nouveaux règlements, indiquant qu’ils imposent des coûts insoutenables pour son équipe. « Ce n’est pas un rejet de la technologie hybride en soi, mais de son coût d’exploitation, qui n’est tout simplement plus tenable pour nous », a-t-il déclaré. « Cela représenterait plusieurs millions d’euros supplémentaires, ce que nous ne pouvons tout simplement pas assumer. »
Un revirement de plus dans l’histoire récente du WRC
Introduite en 2022, la technologie hybride faisait partie d’une stratégie ambitieuse de la FIA pour moderniser le rallye et attirer de nouveaux publics avec des véhicules plus respectueux de l’environnement. Pourtant, dès février 2024, un groupe de travail de la FIA chargé de réfléchir à l’avenir du rallye avait déjà proposé d’abandonner l’hybride pour 2025, idée à laquelle les équipes s’étaient fermement opposées, entraînant une décision de maintenir les réglementations actuelles jusqu’en 2026.
Mais face à l’augmentation des coûts de réparation et au risque que certaines équipes ne puissent plus suivre financièrement, le sujet est revenu sur la table. La FIA a ainsi soumis la question à un vote électronique avant le Central European Rally, et un accord pour abandonner l’hybride en 2025 a été discuté lors de la réunion de la Commission WRC.
Un consensus pour maintenir la compétitivité et la diversité des équipes
Bien que cette décision ne soit pas encore ratifiée par la FIA, le soutien des directeurs d’équipes majeures, Toyota et Hyundai, témoigne de la volonté de préserver un niveau de participation stable dans le championnat. Pour Cyril Abiteboul, directeur de Hyundai, la solidarité prime : « La communauté WRC est petite, et il est important de préserver nos forces. Si des changements sont nécessaires pour garantir la présence de toutes les équipes, nous serons prêts à les accepter. » De son côté, Jari-Matti Latvala, directeur de l’équipe Toyota, reste pragmatique. « Les voitures sont performantes même sans l’hybride. Si le coût de cette technologie menace la présence des équipes, il faut peut-être revoir nos priorités. »
Le WRC face au défi de la durabilité sans l’hybride
Alors que l’abandon de la technologie hybride peut sembler un pas en arrière pour certains, cette décision pourrait redonner de l’oxygène aux équipes indépendantes qui peinent à suivre l’inflation des coûts techniques en WRC. La FIA, lors de sa prochaine réunion du Conseil mondial du sport automobile, devrait sceller l’avenir de la catégorie Rally1, marquant ainsi une transition vers une nouvelle ère plus accessible et potentiellement plus compétitive pour le Championnat du monde des rallyes.
Amayas LAAZIB