Le retour en force du foot local ?

La qualification des quatre représentants algériens dans les deux compétitions continentales est considérée comme un exploit aujourd’hui, alors que par le passé, la JS Kabylie, l’ES Sétif, l’USM Alger, le MC Alger et le CR Belouizdad abordaient la Ligue des champions et la Coupe de la CAF avec l’unique objectif de soulever le trophée.

La décadence et la débandade qui régnaient en maître sur le football local ont conduit nos clubs à la clochardisation par des nouveaux dirigeants, dont leur seul intérêt est de se servir.
Résultat des courses, plusieurs équipes engagées en Coupes africaines étaient éliminées dès les premiers tours. Le Chabab quadruple champion national, avec sa puissance économique et son armada de joueurs, n’a, jusque-là pas réussi à passer le cap des quarts de finale de la C1. Seule l’USM Alger a fait sensation en 2023 en remportant, contre toute attente, la Coupe de la CAF.
Même le parcours de la sélection nationale qui a, depuis l’arrivée de Djamel Belmadi à sa tête en 2018, vu les Verts accéder sur le toit africain en remportant le trophée en Egypte en 2019, n’a été d’aucuns secours. Les clubs algériens s’enlisaient davantage dans la médiocrité et enchaînaient les mauvaises performances.

Cette saison s’annonce prometteuse
Pour cette saison, une volonté politique claire se dessine pour redynamiser le football local. Cela se manifeste par les investissements importants sur les plans financier et humain réalisés par les clubs phares du championnat, tels que l’USMA, le MCA, le CRB et le CSC, qui rivalisent désormais avec les grands clubs africains en matière de transferts. L’État a mobilisé des ressources pour attirer les meilleurs joueurs africains et étrangers, dans le but d’élever le niveau de la Ligue 1 et de permettre également aux clubs algériens de jouer dans la cour des grands et renouer avec les titres.

Le CSC a assuré, le CRB, le MCA et l’USMA en difficulté
Pour leur entrée en lice en Coupes africaines, seule la formation de Constantine a assuré son passage en phase de poules sans difficulté, après s’être offert son adversaire du Ghana le Nsoatreman FC 0-2 à l’aller et 1-0 au stade Chahid-Hamlaoui. Sinon pour les trois autres, il faut dire qu’ils ont été rudement mis à l’épreuve en concédant trois défaites par le même score (1-0) avant de renverser la vapeur et valider au forceps leur billet au prochain tour. Le champion en titre, le MC Alger qui a affronté les Tunisiens de l’US Monastir était pourtant favori, mais la réalité du terrain et la piètre prestation des Algérois ont rendu la mission encore compliquée. Il faut dire que le statut du Mouloudia a sérieusement été remis en question. Ainsi, il a fallu deux balles arrêtées aux protégés de Patrice Beaumille pour faire la différence.

Le Chabab a affronté la sélection burkinabée
Dans la même compétition, le Chabab de Belouizdad qui a marqué sa cinquième présence d’affilée en C1, a dû passer par l’épreuve des penalties pour atteindre son objectif. Le gardien de but Mustapha Zeghba a été le grand artisan de l’exploit en arrêtant deux tirs au but. Défaits à l’aller par la plus petite des marges, les gars de Laâquiba ont, faut-il le souligner, croisé le fer avec une équipe aussi coriace que solide. L’AS Douanes qui n’est pas certes un habitué des grands rendez-vous africains, recèle toutefois en son sein 7 internationaux burkinabés et un ex-sélectionneur des Étalons en la personne de Kamou Malo (2019-2022). En d’autres termes, la qualification des Rouge et Blanc est amplement méritée et considérablement à la hauteur.
Ainsi, le champion d’Algérie et son dauphin ont donné des sueurs froides à leurs supporters et suscité de vives inquiétudes quant à leurs prestations respectives, risquant l’élimination. Mais malgré la déception, la qualification a laissé place à l’euphorie.

Les Rouge et Noir, les mieux armés
Le troisième représentant de la capitale, en l’occurrence l’USM Alger, a fait mieux que ses deux voisins en laissant entrevoir de réelles potentialités. L’équipe de Nabil Maâloul est la plus homogène et complète à tous les niveaux. Le recrutement de la nouvelle direction usmiste a été judicieusement effectué. Des joueurs d’envergure sont venus renforcer l’ossature de Soustara. Face à un bon Stade Tunisien, les Rouge et Noir ont su se montrer patients en poussant et croyant en leur chance jusqu’au dernier quart d’heure, avant que la nouvelle recrue Likonza ne libère les siens au stade Miloud-Hadefi d’Oran tout acquis à la cause du vainqueur de la Coupe de la CAF 2023. Avec ce renfort de qualité et un staff technique chevronné, l’USM Alger est bien partie pour dominer la compétition et faire table rase sur les challenges locaux.

Les attentes sont désormais élevées
Il est vrai que les trois clubs d’Alger ont trouvé toutes les peines du monde pour passer le cap des tours préliminaires, mais il faut aussi souligner que, hormis le Mouloudia, les deux autres clubs ont accueilli leurs adversaires en dehors de leurs bases. C’est un réel problème qui se pose avec acuité et qu’il faut impérativement résoudre en remettant en service les stades de la capitale, Nelson-Mandela de Baraki et le temple olympique.
Car il n’est pas raisonnable de voir l’USMA et le CRB parcourir plus de 400 kilomètres pour recevoir leurs hôtes en phase de groupes, surtout qu’ils vont éventuellement se mesurer à des équipes de haut niveau, notamment en Ligue des champions, où les meilleurs du continent sont là, à l’instar d’Al Ahly du Caire, l’ES Tunis, Mamelodi Sundowns et les autres. Ainsi, pour permettre aux Algériens d’aller le plus loin possible, où les attentes sont désormais élevées, il faut réunir les conditions idéales, parmi lesquelles, la remise en service des stades d’Alger.

Djamel ABED