«Cela peut détruire des gens. » Dans une interview accordée à l’Associated Press, la boxeuse algérienne Imane Khelif a dénoncé le harcèlement dont elle est victime depuis le début des Jeux olympiques de Paris et appelé « tous les peuples du monde » à « respecter les principes olympiques et la Charte olympique, et à s’abstenir de toute forme d’intimidation envers les athlètes ».
«Cela a des conséquences, des conséquences énormes », a rappelé Imane Khelif. « Cela peut détruire les gens, cela peut totalement absorber leurs pensées, leur esprit et leur âme. Cela peut diviser les gens. Et pour cette raison, je demande à tout le monde de s’abstenir de toute forme d’intimidation. » Un message limpide et puissant en réponse aux nombreux détracteurs qui font la chasse aux transsexuels depuis le début des olympiades.
Une polémique venue de Russie
Depuis sa victoire face à l’Italienne Angela Carini, Imane Khelif est au cœur d’une polémique devenue mondiale. En cause : l’an passé, la boxeuse a été disqualifiée des championnats du monde de boxe en raison d’un « taux de testostérone trop élevé ». L’athlète aurait alors subi des tests qui « prouveraient qu’elle avait des chromosomes XY (masculins) » et avait donc été « exclue des événements sportifs ».
Un test dont les résultats, soumis au secret médical, n’ont pas été rendus publics et interrogent. Le CIO, dans un communiqué a, d’ailleurs déploré que l’exclusion d’Imane Khelif des championnats du monde en 2023 fût « une décision arbitraire, qui a été prise sans aucune procédure appropriée » de la part de l’International Boxing Federation (IBA), dirigée par le Russe, Umar Kremlev.
Comité international olympique, dans un communiqué
Le CIO affirme, en outre, qu’Imane Khelif « répond aux critères d’éligibilité » pour concourir avec les femmes. D’autant qu’elle est « inscrite comme femme sur son passeport depuis sa naissance » et participe à des compétitions de boxe féminine depuis qu’elle a commencé ce sport.
Une médaille d’or pour horizon
De son côté, comité olympique et sportif algérien a déposé une plainte officielle auprès du CIO pour protester contre le harcèlement en ligne dont la jeune femme est victime, y compris de la part de ses adversaires. « Nous nous réservons le droit de poursuivre tous ceux qui ont participé à la campagne odieuse contre notre héroïne Imane Khelif », écrit le comité sur Facebook.
Témoignant de la difficulté de vivre ce torrent de haine en étant seule, loin de son pays et dans le cadre de « la compétition la plus importante » de sa vie, Imane Khelif a, elle, dit appeler sa famille « deux fois par semaine ». « J’espère qu’ils n’ont pas été profondément affectés », a-t-elle confié. « Ils s’inquiètent pour moi. Mais si Dieu le veut, cette crise se terminera par une médaille d’or et ce serait la meilleure réponse. »
« Je remercie le peuple algérien. C’est la première victoire »
Atteinte d’hyperandrogénie, la boxeuse algérienne est la cible d’insultes de personnes l’accusant d’être un homme. Qualifiée en demi-finales des Jeux olympiques, elle a appelé le monde entier à « s’abstenir de harceler les athlètes ». Qualifiée pour les demi-finales des Jeux olympiques chez les moins de 66 kg, la boxeuse Imane Khelif est toujours sous le feu des critiques. Depuis plusieurs jours, elle subit même une vague de haine et d’insultes de la part d’internautes mais aussi de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, qui estiment que l’Algérienne aurait des « caractéristiques génétiques masculines ».
Jeudi, après son combat étrange contre l’Italienne Angela Carini en 8es de finale, Imane Khelif avait réagi une première fois, sans évoquer la polémique. « Je remercie le peuple algérien. C’est la première victoire, et j’espère obtenir la deuxième pour garantir la médaille. Ensuite, j’espère gagner une médaille d’or », avait-elle déclaré.
Cette fois, au cours d’un entretien avec SNTV, la boxeuse algérienne s’est épanchée sur ce torrent d’insultes dont elle est la cible. Avec une première interrogation : pourquoi cette polémique arrive maintenant, aux Jeux olympiques ? « C’est la question que je me pose. Pourquoi maintenant ? Pourquoi est-ce que cela arrive maintenant ? Je m’en fiche, a-t-elle assuré. Ce qui est important, c’est que je suis arrivée ici concentrée sur mon objectif, qui est les Jeux olympiques. Aujourd’hui, je suis en demi-finales. »
« Cela peut détruire des gens » Imane Khelif a ensuite souhaité transmettre un message de respect. « J’envoie un message au monde entier de défendre les principes olympiques, de suivre la charte olympique et de s’abstenir de harceler les athlètes parce que cela a un impact, un impact massif, a-t-elle regretté. Cela peut détruire des gens, cela peut tuer l’esprit et l’âme des gens. Et cela peut diviser les gens. Au vu de ça, je leur demande d’arrêter de harceler. C’est tout. » L’Algérienne, qui explique être en contact avec sa famille deux jours par semaine, espère qu’ils « ne sont pas trop affectés. » Mais elle sait comment leur mettre du baume au cœur, et faire taire les critiques. « Si Dieu le veut, tout ça va mener à une médaille d’or et cela constituerait la meilleure réponse », a-t-elle souri.
