Forum du quotidien Al-Fadjr : Les femmes sportives réclament plus de considération
A quelques jours seulement de la Journée internationale de la femme, le siège du journal Al-Fadjr, sis à la maison de presse (Tahar-Djaout) 1er-Mai, Alger, a tenu une conférence de presse, dans laquelle des femmes sportives ont réclamé plus de considération au sein du mouvement sportif national.
Par Abdallah Guessoum
La directrice du quotidien national Al-Fadjr, Hadda Hazem, a souhaité la bienvenue à la presse et aux invités du Forum à savoir : Salima Souakri, ex-ministre déléguée chargée du Sport d’élite. Zohra Mechti, ancienne athlète de la sélection nationale de judo, Kamilia Hadj Saïd, championne du monde de karaté-do, Sabah Saker, professeur de médias, Alida Bennour, joueuse de l’équipe nationale de volley-ball et Wahiba Belhaoua, journaliste. Plusieurs points et sujets ont été abordés par les intervenantes dans cette rencontre, qui était basée essentiellement sur les femmes sportives et leur place dans la société.
Voici quelques déclarations des intervenantes :
Salima Souakri :« Jusqu’à présent, il n’y a pas d’égalité des sexes dans le sport féminin, notamment au niveau de l’encadrement, il existe 55 Fédérations nationales, et seules deux femmes sont à la tête de deux d’entre celles-ci. 800 Ligues de wilayas dont 7 seulement sont présidées par des femmes. 58 Directions de la jeunesse et des sports (DJS), presque toutes dirigées par des hommes à l’exception d’une seule dirigée par une femme. Une loi du ministère de la Jeunesse et des Sports exige la présence d’au moins une femme dans les bureaux exécutifs, mais malheureusement la plupart des fédérations ne respectent pas cette directive. Les athlètes féminines algériennes ont relevé le défi dans les circonstances les plus difficiles. Malgré tout cela, j’ai continué à pratiquer le sport et hisser haut le drapeau de mon pays. Le Comité international olympique m’a décerné le Prix Femme et Sport, et avec l’argent du prix, j’ai lancé le projet Tinhinan pour développer et encourager le sport féminin au niveau de la direction, et 100 femmes ont été formées, notamment dans les régions du Sud.».
Kamilia Hadj Saïd (karatéka) :
« J’ai été contrainte de mettre fin prématurément à ma carrière sportive ». La championne du monde de karaté-do Kamilia, a expliqué qu’elle a été victime d’injustice et de pression et qu’elle a été contrainte de mettre un terme à sa carrière sportive, suite à de nombreux obstacles et problèmes avec la Fédération algérienne de karaté, qui l’a exclu de participer avec l’Equipe nationale, et au reste des compétitions. « J’ai connu beaucoup de difficultés et de problèmes au cours de ma carrière sportive, mais malgré tout cela, j’ai réussi à relever le défi et à donner à l’Algérie de nombreux titres pour être l’athlète algérienne la plus décorée en kata et écrire mon nom en lettres d’or, dans l’histoire du sport algérien.».
Wahiba Belhaoua (journaliste) :
«Les médias construisent et ne détruisent pas, le travail journalistique est une confiance et le journaliste doit jouer un rôle positif au lieu de chercher le négatif. Malheureusement, il existe une mauvaise image des médias sportifs et nous devons travailler pour faire passer le meilleur message possible. Lorsque les médias font des déclarations à des joueurs ou à des entraîneurs en colère ou fatigués, ils transmettent des propos irresponsables et à un moment inapproprié, transmettant des messages incorrects.».
Alida Bennour (joueuse de l’équipe nationale de volley-ball) :
« L’encouragement est essentiel pour que tout athlète puisse poursuivre son objectif, et mon père est mon premier soutien dans mon parcours. Mon ambition est désormais de remporter des titres avec l’équipe nationale de volley-ball, une compétition importante nous attend aux Jeux africains qui vont se dérouler du 8 au 23 mars 2024 au Ghana. Je suis la plus jeune athlète de l’Equipe nationale, mais j’ai de grandes ambitions. Mon passage en Championnat de France est une avancée, mais le plus important c’est de défendre le maillot de l’Equipe nationale et honorer mon pays.».
Sabah Saker (professeur de médias) :
« Les médias ont une responsabilité et un rôle dans le développement du sport féminin en Algérie, en mettant en avant les problèmes. Malheureusement, le sport féminin est clairement marginalisé et l’accent doit être mis non seulement sur les récompenses, mais également sur le travail de base accompli. Quand j’étais jeune, ma chambre était pleine de photos de Ben Cheïkh, mais pas aujourd’hui.».
Zahra Mechti : « J’ai été la première algérienne à hisser le drapeau algérien aux Championnats du monde de judo. J’ai participé aux Championnats du monde en 1982, à Paris (France), j’étais également présente aux éditions des Pays-Bas en 1986 et celles d’Allemagne en 1987. Ce que j’ai réalisé a été fait grâce aux sacrifices concédés et la détermination à poursuivre ma carrière sportive. Le sport féminin a besoin de plus d’encouragement et d’accompagnement, car les difficultés sont nombreuses. Atteindre le podium demande beaucoup de sacrifices, surtout pour les femmes. ».