Fuji : l’exploit inattendu d’Alpine

Les 6 Heures de Fuji, centième manche de l’histoire du WEC, resteront comme un tournant majeur pour Alpine. La marque française, engagée avec son prototype A424, a surpris tout le monde en décrochant une victoire de prestige avec son équipage n°35 : Charles Milesi, Ferdinand Habsburg et Paul-Loup Chatin. Rien ne laissait présager un tel dénouement. Tout au long de la course, Peugeot et Porsche s’étaient partagé le rôle de favoris. La Peugeot n°93, incisive en ligne droite, semblait intouchable, tandis que la Porsche n°6 imposait son rythme dans les portions sinueuses du tracé japonais. Mais Fuji est un circuit capricieux, où neutralisations et stratégies viennent souvent bouleverser les hiérarchies établies. Le moment charnière s’est produit lors de la quatrième heure, au détour d’un Full Course Yellow.
Alpine a saisi l’opportunité pour effectuer un arrêt presque gratuit, repositionnant la n°35 dans le groupe de tête. Mais l’audace la plus décisive viendra plus tard : au dernier pit-stop, là où ses rivaux changeaient quatre pneus, Alpine a choisi de n’en remplacer que deux. Un pari risqué… mais parfaitement maîtrisé. Cette stratégie éclair a permis à Milesi de ressortir en tête avec une dizaine de secondes d’avance. Derrière, Peugeot et Porsche s’empoignaient, perdant de précieuses secondes dans leur duel. Devant, l’Alpine filait vers une victoire inattendue mais amplement méritée. Ce triomphe illustre la force d’une équipe capable de combiner opportunisme, vitesse et sang-froid. Pour Alpine, ce succès à Fuji ne vaut pas seulement une coupe : il symbolise l’affirmation d’un projet, celui d’une marque française qui entend bien s’imposer au plus haut niveau de l’endurance mondiale.
Djaffar KHODJA