Cyclisme

La plus grande édition de l’histoire ? La Vuelta 2023 fait saliver

Tour d’Espagne 2023

Le Tour d’Espagne a-t-il déjà affiché un casting aussi exceptionnel ? Jonas Vingegaard, Primoz Roglic et Remco Evenepoel ont remporté à eux trois les quatre derniers Grands Tours. Et ils étaient tous au départ de Barcelone hier (Ndlr : samedi). Même les « seconds » rôles ont de l’envergure. La 78e Vuelta a tout pour être une des courses de l’année.

Javier Guillen est un homme heureux. C’est une bonne année pour être le directeur du Tour d’Espagne. A l’aube du grand départ de cette édition 2033, le patron de la Vuelta a déjà l’eau à la bouche, comme nous tous. Sur la ligne de départ catalane, il aligne un parterre de stars qui donne à sa course des allures de Tour de France bis. A un Tadej Pogacar près, le plateau pouvait difficilement être plus excitant. Récapitulons, pour les étourdis et/ou retardataires :
– Jonas Vingegaard, vainqueur des deux derniers Tours.
– Primoz Roglic : Vainqueur du Giro, lui aussi vient pour un sacré doublé. Triple vainqueur de la Vuelta, au passage.
– Remco Evenepoel. Tenant du titre de la Vuelta, malheureux sur le dernier Tour d’Italie.
Ce trio majuscule capte l’essentiel de l’attention, mais la galerie de prétendants ne s’arrête pas là. Juan Ayuso, le jeune prodige espagnol, présent sur le podium final l’an passé à Madrid. Enric Mas, 2e en 2022, et revanchard après son abandon d’entrée sur le Tour en juillet. Ajoutez Geraint Thomas, sur le podium des deux derniers Grands Tours auxquels il a participé (Tour 2022, Giro 2023), Joao Almeida, Aleksandr Vlasov ou Mikel Landa, et même les places dans le Top 10 pourraient valoir très cher ces trois prochaines semaines.

Vingegaard, la cerise sur le gâteau
On comprend donc sans mal pourquoi Javier Guillen a la banane. Longtemps, la Vuelta a pâti de son passage dans le calendrier du printemps à la fin de l’été il y a bientôt 30 ans. Elle a appris à en faire un atout pour (re)devenir attractive. La troisième roue du carrosse des Grands Tours s’est-elle hissée au niveau, en termes d’intérêt et de prestige, de ses deux cousines française et italienne ? Guillen en est convaincu.
« Je pense que la Vuelta est la course qui s’est le plus développée ces dernières années, juge-t-il chez nos confrères d’Eurosport Espagne. Nous sommes partis d’un niveau inférieur à celui du Tour et du Giro, mais avec des innovations chaque année, des coureurs spectaculaires et nos profils d’étapes courtes et avec des fins explosives, la tendance est à la hausse. En Espagne, la Vuelta est devenu l’événement sportif qui, en dehors du football, a désormais le plus d’impact. La Vuelta grandit chaque année. »
Cela n’a sans doute jamais été aussi vrai que cette année. Annonce après annonce, le plateau 2023 n’a cessé de s’enrichir, jusqu’à la confirmation de la présence de Jonas Vingegaard. Le Danois, à qui on a parfois pu reprocher de se focaliser uniquement sur le Tour de France (le Dauphiné est davantage à ses yeux une répétition générale qu’une ambition à part entière), a décidé de faire le grand saut en essayant d’étendre son territoire. Pour Javier Guillen, ce fut la cerise sur un gâteau déjà appétissant. « La vérité est que je ne m’attendais pas à cette participation, avoue-t-il. Nous savions que la liste des participants serait bonne, mais lorsque Jonas a annoncé sa venue, ce fut le point d’orgue. »

C’est à la fin d’une course que l’on sait si elle a été grande ou pas
Même sans Vingegaard, la Vuelta aura eu de la gueule mais la présence du Scandinave donne incontestablement une étoffe supplémentaire à l’épreuve. Il y a du gros, du lourd, du jeune, du vieux, de l’intrigant (deux des trois principaux favoris appartiennent à la même équipe, la Jumbo Visma), le parcours est ultra-sélectif (Guillen l’avait décrit en décembre dernier comme « le plus spectaculaire de tous les temps ») et le calme ne devrait jamais régner plus de deux jours de suite.

La presse espagnole est même convaincue que cette 78e édition a tout pour devenir une des plus remarquables. La plus grande Vuelta de l’histoire, comme certains l’avancent ? « Une des plus grandes », tempère Javier Guillen, peut-être par peur de se porter la guigne. Mais il n’a pas tort quand il rappelle que « c’est à la fin d’une course que l’on sait si elle a été grande ou pas. » « Ce n’est pas comment elle commence mais comme elle se termine qui compte, donc nous verrons bien à la fin, mais c’est vrai que nous sommes très impatients et que nous avons de grands espoirs », dit encore le directeur.

Nous aussi, pour tout dire. Même si l’envergure du plateau peut parfois différer de celle de l’intérêt de la course, ce serait bien le diable si ce Tour d’Espagne ne nous tenait pas en haleine, dans le pire des cas au moins dans sa partie initiale. Après quoi la course décidera. Si l’un écrase tout. Si un ou plusieurs autres quittent la scène pour diverses raisons. La Vuelta est souvent le Tour de l’indécision, parce que la fin de saison guette. Nous verrons. En attendant, on ne se souvient pas avoir piaffé comme ça face au départ de la Vuelta. Il y a vraiment tout pour se régaler.

Il est utile de rappeler à nos lecteurs que le Tour d’Espagne (Vuelta ciclista en espagnol) est une compétition cycliste par étapes masculine qui traverse l’Espagne avec des incursions occasionnelles dans les pays voisins. Inspirée par le succès du Tour de France et du Tour d’Italie, et par l’augmentation des ventes des journaux à leur origine (L’Auto et La Gazzetta dello Sport), Juan Pujol, directeur du journal Informaciones organise la première Vuelta a España en 1935. Elle est ensuite disputée annuellement et sans discontinuité depuis 1955. Entre 1937 et 1944, la course n’est disputée que deux fois, en 1941 et 1942, à cause de la guerre d’Espagne et de la Seconde Guerre mondiale. Au fil des années, le Tour d’Espagne gagne en importance et en popularité. La participation s’élargit, on passe d’un peloton principalement espagnol les premières années, à des éditions comptant une quarantaine de nationalités. Il est actuellement organisé par Unipublic. Amaury Sport Organisation, organisateur du Tour de France, a depuis pris le contrôle d’Unipublic.

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