BasketOmnisport

Un championnat en quête de compétitivité

La Superdivision messieurs est à un tournant 

À mi-chemin de la phase aller, le championnat national de Superdivision messieurs de basket-ball affiche un visage contrasté. D’un côté, la Fédération algérienne de basket-ball multiplie les initiatives pour moderniser la compétition, notamment avec l’introduction d’une plateforme de statistiques en ligne, grande nouveauté de la saison. De l’autre, le niveau de jeu et l’équilibre des forces sur le parquet laissent encore à désirer.
Niveau inégal et écarts flagrants
Les résultats enregistrés depuis le coup d’envoi de la saison parlent d’eux-mêmes : des victoires à plus de vingt ou trente points d’écart, des matchs vite pliés et un déséquilibre évident entre les formations du haut et du bas du tableau.
Les locomotives traditionnelles – à l’image du WO Boufarik, du NB Staoueli ou du MC Alger – confirment leur supériorité, pendant que plusieurs clubs enchaînent les revers sans réelle capacité de réaction. Cette disparité, devenue structurelle, met en lumière le manque d’homogénéité du championnat et interroge sur la compétitivité globale du basket masculin algérien.
Si certaines rencontres offrent encore du suspense et de belles séquences collectives, la tendance dominante reste celle d’un championnat où les écarts se creusent et où le spectacle pâtit d’un rythme parfois irrégulier. À ce stade, peu d’équipes semblent capables de rivaliser sur la durée avec les poids lourds du championnat.
La plateforme statistique, un pas vers la modernité
La FABB a fait de la technologie un levier central de sa réforme. Depuis cette saison, chaque rencontre de Superdivision doit être accompagnée d’un relevé complet de statistiques : points, rebonds, passes, interceptions, fautes… Ces données, compilées sur une plateforme nationale dédiée, sont censées offrir une nouvelle grille de lecture du jeu et un outil de travail pour entraîneurs, joueurs et médias.
L’initiative mérite d’être saluée. Elle répond à un besoin longtemps exprimé dans le milieu : celui de documenter la performance, de mesurer objectivement les progrès et de rapprocher le basket algérien des standards modernes. D’ailleurs, le sélectionneur national des A, Ali Bouziane, avait évoqué le manque de statistiques pour avoir une vision sur le potentiel des joueurs du championnat local, afin de pouvoir les convoquer en équipe nationale.
Cependant, la réussite de cette innovation dépendra surtout de son appropriation. Trop souvent, de telles initiatives finissent par n’être qu’un vernis technologique, sans réelle exploitation. Si les clubs ne disposent pas de techniciens formés pour analyser ces données, si elles ne sont pas valorisées dans le coaching et la préparation, la plateforme risque de rester un gadget plutôt qu’un outil de développement.
Entre modernisation et réalité du terrain
Le contraste est saisissant entre la volonté fédérale de moderniser la discipline et la réalité vécue par une majorité de clubs : effectifs limités, moyens modestes, structures techniques insuffisantes.
À l’heure où certains clubs peinent encore à disposer d’un staff complet ou d’un budget stable, la mise en place d’un système de statistiques en ligne peut sembler ambitieuse, voire prématurée. Mais c’est aussi un signal fort : celui d’une fédération qui veut tirer la discipline vers le haut, quitte à bousculer les habitudes.
Sur le plan sportif, la mi-saison met en évidence un constat clair : la Superdivision masculine souffre d’un manque de densité compétitive. Le jeu collectif s’améliore par moments, mais la constance fait défaut. L’intensité, la rigueur tactique et la profondeur des bancs ne sont pas encore au niveau attendu d’un championnat censé représenter l’élite nationale. L’intérêt du public et des médias reste également inégal, limité souvent aux affiches phares. Pour relancer la dynamique, il faudra sans doute plus que des statistiques : une vraie politique de développement du jeu, de formation et de valorisation des acteurs.
L’espoir d’une relance
Malgré ces limites, des signes encourageants existent. L’apparition de jeunes talents formés localement, le retour de certaines figures expérimentées et l’effort de structuration enclenché par la Fédération algérienne de basket-ball donnent des raisons d’espérer. Mais pour que la Superdivision masculine devienne réellement le moteur du basket algérien, il faudra que la modernisation technologique s’accompagne d’une élévation du niveau de jeu, d’une professionnalisation des structures et d’une meilleure répartition des moyens entre les clubs.
Entre ambition et réalité, progrès technique et déséquilibres persistants, le championnat avance sur une ligne de crête. La plateforme statistique, saluée comme une innovation majeure, ne suffira pas, à elle seule, à combler les écarts. C’est désormais sur les parquets que doit s’écrire la suite : celle d’un basket algérien qui cherche encore son véritable rythme de croisière.
Walim Mansouri

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page