
Le Grand Prix d’Autriche a marqué l’apparition d’une nouveauté technique qui fait déjà débat : la mise en service d’une mise à jour de la centrale électronique unique Magneti Marelli, destinée à stabiliser électroniquement le glissement de la roue arrière, afin de limiter le risque de highside. Une évolution qui ne convainc pas tout le paddock. Après Marc Márquez, qui a affirmé que cette aide « rend la conduite plus facile et réduit la différence faite par le pilote », c’est Casey Stoner en personne qui a pris la parole en Autriche pour exprimer ses profondes réserves. Le double champion du monde australien, toujours attentif à l’évolution de la discipline, n’a pas mâché ses mots : « Nous sommes en train de transformer les ingénieurs en champions, et non plus les pilotes. En réalité, nous entrons dans une ère où le MotoGP répète toutes les erreurs commises par la Formule 1. » Pour Stoner, cette innovation réduit le rôle du talent et de l’instinct : « En parlant avec les pilotes, on comprend que tu peux ouvrir les gaz avec presque 300 chevaux et… il ne se passe rien. Les meilleurs pilotes du monde se retrouvent à piloter les motos les plus faciles du monde.
Cela ne m’intéresse pas. Aujourd’hui, il suffit de freiner fort et d’entrer en courbe : l’habileté ne compte plus. » Plus grave encore, l’Australien soulève un véritable signal d’alarme sur la sécurité : « Pour moi, ce n’est pas un progrès. Si tu retires le contrôle de l’arrière, le pilote n’a plus de crainte et pousse davantage sur l’avant. Mais quand tu perds l’avant, tu reviens souvent vers la trajectoire, et nous avons déjà vu des accidents catastrophiques de ce type. De plus, cela augmente la vitesse de pointe en bout de ligne droite, réduisant au minimum la marge d’erreur au freinage. » Stoner est allé plus loin dans sa critique globale, pointant du doigt les choix stratégiques de la discipline : « Il n’y a pas si longtemps, on parlait de réduire les coûts en MotoGP. Or l’aérodynamique ne va certainement pas dans ce sens, car c’est ce qu’il y a de plus onéreux. Je ne comprends pas comment il est possible que personne ne voie ces problèmes. Chaque pas dans cette direction est une erreur. » Un discours lucide et sans concession, à l’image du champion qu’il fut : Stoner rappelle avec force que la MotoGP doit préserver sa spécificité – celle d’un sport où le pilote doit rester le véritable facteur décisif.
Djaffar KHODJA



