MOTOSPORTS

Une lutte à trois pour le titre

Comparaison Martín, Bagnaia et Bastianini

Jorge est le plus constant, Pecco est presque imbattable quand il s’embrase, Enea est le meilleur avec des pneus usés. Mais attention au facteur « marché ».

Un trio d’as pour le championnat
Toujours eux, encore eux. Enea Bastianini, Jorge Martín et Francesco Bagnaia en tête : c’est la troisième fois en quatre courses. Il est clair qu’ils sont désormais les références de la catégorie, soutenus par une Ducati GP24 nettement supérieure à Aprilia et KTM, mais aussi à la « sœur » GP23, comme en témoignent les difficultés de Marc Márquez. Ce n’est pas un hasard si le podium de Silverstone reflète celui du championnat MotoGP. Bastianini est à 49 points du sommet, occupé par Martín, le nouveau leader. Trop pour rêver en grand ? Pas selon les dires de Bagnaia après la course : « Avec 37 points disponibles chaque week-end, Bastianini est légitimement en lice ». Voyons donc les forces et faiblesses des trois grands protagonistes.

1/ Jorge Martín : les atouts
Sept podiums en 10 courses, 15 en incluant les courses sprint : Jorge Martín fait de la constance son véritable moteur pour rêver en grand dans le championnat MotoGP 2024. Un facteur crucial compte tenu de la longueur du championnat qui impose peu d’erreurs et une grande concrétisation. De plus, le pilote espagnol de Prima Pramac Ducati est très rapide dès le vendredi, obtenant des places importantes lors de la course du samedi, ce qui complique la situation pour ses adversaires. En résumé, Martín a grandi et cela se voit aussi en regardant un autre chiffre : aujourd’hui, il a 241 points, soit 68 de plus que l’année dernière.

2/ Jorge Martín : les faiblesses
Constant oui, mais pas imbattable, ni infaillible. En 2024, Jorge Martín a confirmé son affinité avec la Sprint Race, remportée cinq fois, mais il n’a gagné que deux courses « classiques ». Une seule double victoire, en France, où il a dominé le samedi et le dimanche. De plus, l’Espagnol a commis des erreurs coûteuses. Seulement trois chutes, mais deux d’entre elles pendant la course longue, qui rapporte le plus de points. En Espagne et en Allemagne, Martín a chuté alors qu’il était en tête, sous la pression de Bagnaia. Une faiblesse à corriger pour rêver de ce titre échappé en 2023.

3/ Francesco Bagnaia : les atouts
Personne n’a gagné autant que Francesco Bagnaia cette saison : deux sprints et six courses longues, dont quatre consécutives. Lorsque le champion du monde MotoGP s’embrase, il semble imbattable. De plus, le prodige Ducati sait mieux que quiconque se relever des moments difficiles ou imprévus. Il suffit de voir sa réaction après l’erreur lors de la sprint de Barcelone : une victoire culminée par un dépassement décisif dans le même virage où il était tombé la veille. Lui aussi a connu une croissance significative. Par rapport à l’année dernière, Pecco a amélioré de 24 points, passant de de 214 à 238.

4/ Francesco Bagnaia : les faiblesses
Aussi rapide et fiable soit-il, Bagnaia commet parfois des erreurs grossières. La dernière en date est survenue lors de la course courte à Silverstone, offrant une opportunité à Martín. Auparavant, Francesco avait déjà cumulé trois zéros en sprint, deux par malchance et un, celui de Barcelone, par erreur propre. Dans les courses longues, cependant, un seul abandon, celui dû au contact controversé avec Marc Márquez au Portugal. Un problème constaté en début d’année et présent depuis peu concerne le vendredi, qui ne se traduit pas toujours par un réglage immédiatement compétitif.

5/ Enea Bastianini : les atouts
Bagnaia a prévenu après la course de Silverstone : « Quand il est rapide dès le vendredi, Bastianini devient un rival dangereux. Dans les derniers tours, il sait être très efficace. » Un portrait clair du potentiel d’Enea. L’ancien champion du monde Moto2 a toujours construit ses succès par un changement de rythme drastique dans la partie finale de la course. En outre, le pilote Ducati est extrêmement concret. En plus des cinq podiums de la saison en course longue, Bastianini n’est jamais descendu en dessous de la sixième place lorsqu’il a fini en zone de points. Cette concrétisation peut être cruciale dans un championnat long.

6/ Enea Bastianini : les faiblesses
Contrairement à Jorge Martín, Bastianini semble peiner davantage entre le vendredi et le samedi, c’est-à-dire lorsqu’il faut trouver le bon réglage. Trop souvent, le pilote Ducati a souffert en qualification, s’imposant ainsi des remontées difficiles et pas toujours fructueuses. Améliorer sa position de départ peut aider Enea à mieux planifier la course et Silverstone en est un exemple clair. Retrouver la continuité, l’Italien devra se réhabituer à la victoire, comme en 2022 où il avait remporté quatre courses. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra rêver du titre mondial.

7/ Facteur « marché »
Dans cette lutte intense à trois, le facteur « marché » pourrait avoir un poids important. En effet, Bastianini et Martín quitteront Ducati, qui a choisi de miser sur Márquez pour l’équipe d’usine en 2025. Une décision critiquée par d’autres pilotes, comme Aleix Espargaró : « Pourquoi perdre deux talents et renforcer les équipes rivales ? » Enea a également exprimé des doutes après sa victoire à Silverstone : « J’accepte la décision, même si je ne la comprends pas. » Ce divorce pourrait créer des doutes, mais aussi augmenter le désir de revanche envers Ducati. Une manière de faire regretter au constructeur italien son choix. Attendez-vous à des duels très intenses. Celui qui contrôle la situation est certainement Bagnaia, en pleine harmonie et confiance avec son équipe. Un aspect non négligeable.

Amayas LAAZIB

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