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Consternation et amertume dans le milieu sportif à Oran

Après la disparition de maître Hadj Meskine, doyen des judokas oranais

La famille du judo algérien a été endeuillée, suite au décès de maître Hadj Adda Meskine rappelé à Dieu à l’âge de 83 ans. Dix jours se sont déjà écoulés après la disparition de l’un des meilleurs judokas, que l’Algérie a enfanté.

Par B. Sadek

Le regretté a pleinement contribué au développement de la discipline et à la formation de nombreux judokas à Oran, dès l’indépendance du pays. Il est reconnu, de même que l’autre icône du judo Ahmed Hifri, comme étant les précurseurs et les architectes du succès de ce sport en Algérie et les premiers athlètes à rejoindre la sélection nationale de judo. Sa disparition a laissé un vide immense dans le paysage sportif algérien. Depuis son enterrement, son domicile familial est quasiment assailli par toute la famille du judo, d’anciens élèves et de nombreux judokas venus de tous les coins du pays, pour présenter leurs condoléances et partager leurs peines avec ses enfants. Suite à cette perte, on a jugé utile de retracer son parcours élogieux pendant la colonisation, et post indépendance, jusqu’à sa disparition, afin que la nouvelle génération, puisse connaître ce grand homme du judo national qui a laissé ses empreintes en lettres d’or.

Qui est maître Hadj Adda Meskine ?
Maître Hadj Adda Meskine est né à Mascara en 1941. Passionné du sport depuis son âge, il a commencé par pratiquer la boxe, l’athlétisme, l’aviron et le football dans les quartiers populaires. Mais, il a fini par faire du judo sa passion, pendant la période (coloniale), où seule une minorité d’Algériens avait le privilège de pratiquer cette discipline. Etudiant en 1960, le regretté Hadj Meskine, avait la chance d’avoir un professeur qui pratiquait le judo. Il s’agit de maître Vecedo. Dès l’ouverture de la première salle de judo à Mascara, il était le premier à être inscrit parmi de nombreux jeunes élèves. Il entamera alors son apprentissage du judo. C’est à partir de là, qu’il s’est frayé un bon chemin grâce à d’autres grands maitres à l’image de Marono et Deluin, avec lesquels il avait beaucoup appris. Après l’indépendance, Hadj Meskine qui s’est construit dans l’ombre loin des projecteurs, a eu le privilège de décrocher à Oran, lors d’un passage de grade en 1964, la ceinture noire 1er dan, devant un groupe de 33 judokas. Il avait concouru sous l’œil du maître japonais Michigami (7e dan), qui lui a décerné ce titre et lui a ouvert les portes de la sélection nationale en 1965. C’était l’époque des Menia, Lacombre, Ahmed Hifri, Abdelkader Ammour, Belarbi Khaled, Ahmed Hammadi, et bien d’autres grands du judo qui avaient marqué l’histoire de la discipline, grâce à leur grande valeur. Hadj Meskine a fait partie de la première sélection nationale (1965), qui avait représenté l’Algérie aux premiers Jeux africains de Brazzaville (Congo). En 1966, l’expert français Maitre Vergne est venu à Oran pour officialiser le passage de grade de du 1er et 2e dan. Hadj Meskine, s’est vu décerner le 2e dan, avec deux autres judokas, en l’occurrence Ahmed Hifri et Mohamed Saidi.

Par la suite, il décrochera le 3e dan (1971, le 4e dan (1976), le 5e dan (1991) le 6e dan (2010) et le 7e dan, le mois de mars de cette année. Une reconnaissance pour les services exceptionnels rendus au judo. Cette distinction, a été décernée lors d’une cérémonie en marge du Championnat national individuel seniors à Tipasa où d’autres figures du judo algérien ont été également honorées. Hadj Meskine, est détenteur d’un diplôme d’Etat 1er et 2e degré (1972), d’expert de judo (1996), d’encadreur de stages, d’entraîneur et d’arbitre, ainsi que des attestations de pionnier du judo, pour service rendu à la discipline d’organisation des Jeux africains et bien d’autres distinctions. A signaler que Hadj Meskine a intégré en qualité de trésorier la première ligue régionale de judo, présidée alors par Dr Mansouri. Cette ligue passera par la suite sous la présidence de Khaled Belarbi. Le regretté Hadj Meskine occupera par la suite plusieurs postes de responsabilité au regard de son sens de défenseur du judo oranais et de sa droiture. Il a contribué à l’ouverture de plusieurs sections de judo à Oran, dirigées par ses propres élèves. Très respecté et écouté, il est appelé à intégrer la commission d’organisation des Jeux méditerranéens de 1975 d’Alger. Parmi tous les postes de responsabilité qu’il avait occupés, on citera celui en 1980, de président du Conseil communal des sports et celui de vice-président de l’Assemblée communale de la ville d’Oran. Il avait tant donné et contribué à la promotion de tous les sports de combats entre autres le « MATREG » traditionnel et a été partie prenante pour la création des clubs IRBO.

Une salle de judo pour léguer son expérience
Après l’indépendance, il gère une salle de judo à Oran. Le doyen était entraîneur et avait drivé et formé de nombreux jeunes sportifs durant des décennies. Avant les JM de 2022, Il ouvre sa propre salle de judo, répondant aux normes internationales, en matière d’équipements et de structures. Il avait destiné cette salle pour la préparation des judokas appelés à participer aux Jeux d’Oran, puisque cette salle dispose de tous les moyens de détente dont une piscine, un sauna et une salle de massage. Malgré son âge avancé, il ne cessait de remplir sa mission, jusqu’au jour où il décide de quitter avec regrets les tatamis pour s’occuper de sa petite famille. Ses anciens élèves et ceux qui ont eu à l’apprécier se souviennent toujours de lui et lui rendaient souvent visite. Mais ces dernières années avec le poids de l’âge et une santé précaire, il quittera ce monde avec le devoir accompli, mais avec un pincement au cœur, en raison de l’ingratitude des gens. Ce grand du judo, avait encore des choses à montrer et ne voulait pas connaître de rupture pour poursuivre sa mission. Mais Il a été rappelé à Dieu le 4 juin passé, laissant derrière lui un grand héritage pour les nouvelles générations.

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