La décision était dans l’air depuis plusieurs mois. Elle est désormais officielle : le CIO reprendra l’an prochain son idée d’un double vote pour les Jeux olympiques, concrétisée une première fois à la session de Lima en 2017 pour ne pas faire de déçu entre Paris et Los Angeles. Mais, cette fois, la pirouette électorale concernera l’événement hivernal.
Le double vote 2030/2034 n’est plus seulement une option. Il est devenu vendredi 13 octobre une quasi-certitude. La commission exécutive du CIO, réunie depuis la veille à Mumbai en préambule à la 141ème session, lui a apposé son sceau. La raison ? Thomas Bach l’a expliqué en conférence de presse : le besoin de gagner du temps. En attribuant l’an prochain en une seule fois les Jeux d’hiver en 2030 et 2034, le CIO veut régler le problème de l’événement hivernal jusqu’au milieu de la prochaine décennie. Avant de pouvoir souffler un moment puis se pencher sur une autre question, autrement plus complexe : l’avenir des Jeux d’hiver à plus long terme, dans un monde fragilisé par le réchauffement climatique. Son idée du double vote, la commission exécutive ne l’a pas sortie de son chapeau pour ne pas faire de perdant. A la différence des Jeux d’été 2024/2028, elle est motivée par des considérations plus environnementales.
A Mumbai, vendredi 13 octobre, Thomas Bach est les autres membres de la commission exécutive ont écouté sans broncher un rapport de l’Autrichien Karl Stoss, le nouveau président de la commission de futur hôte des Jeux d’hiver. Il a dressé un tableau sans concession de l’avenir des Jeux d’hiver. Thomas Bach l’a ensuite expliqué aux médias : « Les premiers résultats de cette étude montrent que seulement 15 comités nationaux olympiques, répartis sur trois continents, disposent actuellement d’au moins 80% des installations requises pour les Jeux d’hiver. Dix de ces quinze CNO ont soit accueilli les Jeux récemment, soit sont intéressés par leur accueil à l’avenir. Mais en raison du réchauffement, d’ici 2040 deux d’entre eux ne présenteront plus la fiabilité climatique nécessaire. Ils seront même cinq, en tenant compte des Jeux paralympiques organisés en mars. »
Le chiffre est facile à retenir : seuls dix pays sur la planète pourront organiser les Jeux d’hiver à partir de 2040 en répondant aux exigences du CIO, à savoir une utilisation de sites existants et des compétitions de neige éco-responsables. Thomas Bach ne s’en est pas caché : « Nous devons faire face à l’impact dramatique du changement climatique. Il s’agit d’une question très complexe. Pour l’aborder de manière appropriée, nous avons besoin de plus de temps. » Ce temps de la réflexion, le CIO va donc se l’offrir en attribuant l’an prochain, en une seule fois, les Jeux d’hiver 2030 et 2034. Mais le luxe du temps ne sera pas accordé aux postulants. Le CIO a fixé les règles de la course. Elles ne laissent aucun répit.
La commission de futur hôte proposera le ou les candidat(s) retenu(s) pour la phase de « dialogue ciblé » à la fin du mois d’octobre ou au début du mois de novembre. Il reviendra ensuite à la commission exécutive d’approuver tout ou partie du choix lors de sa prochaine réunion, prévue du 28 novembre au 1er décembre à Paris.
La décision finale reviendra à la session du CIO, réunie en juillet prochain à Paris avant les Jeux olympiques. Mais elle pourrait être reportée, et déplacée dans un autre pays, si la France est toujours en course pour l’édition 2030.
L’annonce d’un double vote redistribue-t-elle les cartes ?
Sans doute pas. Après le retrait de Sapporo, la bataille pour les Jeux de 2030 s’annonce plus encore comme une affaire européenne, avec la Suède, la Suisse et les deux régions françaises des Alpes.
Pour 2034, Salt Lake City semble avoir la victoire à portée de mains. Les Américains de l’Utah pourraient même être seuls en lice. Certes, les Japonais de Sapporo ont annoncé cette semaine leur volonté de reporter leurs efforts sur l’édition 2034. Mais on les imagine mal boucler un nouveau dossier dans les délais imposés par le CIO.