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Netflix veut réformer le spectacle

Netflix envisage de se positionner sur les droits de diffusion de la Formule 1 aux États-Unis, ce qui pourrait avoir des répercussions sur la manière dont la discipline est retransmise, notamment au Royaume-Uni où Sky détient les droits jusqu’en 2029.

Un modèle établi en question
Actuellement, la F1 est gérée par Liberty Media, qui vend les droits TV à travers le monde. Ce modèle, mis en place par Bernie Ecclestone dans les années 1980, permettait à chaque pays de se disputer l’exclusivité des retransmissions, générant ainsi des revenus considérables. Au Royaume-Uni, Sky a signé un accord en 2012 pour diffuser la F1 aux côtés de la BBC avant d’en obtenir l’exclusivité en 2019, relayant Channel 4 à un rôle de diffuseur de résumés et de retransmission en clair du Grand Prix de Grande-Bretagne. Sky a prolongé son contrat jusqu’en 2029, couvrant également ses chaînes allemandes et italiennes jusqu’en 2027. Une contrepartie notable est l’indisponibilité de la plateforme de streaming F1 TV Pro dans ces régions. F1 TV Pro permet à ses abonnés d’accéder à l’intégralité des courses avec un accès aux communications radio non éditées. Toutefois, sa croissance en Europe est freinée par les restrictions géographiques liées à l’accord avec Sky. Ce modèle dépend donc fortement de la capacité des spectateurs à s’abonner à Sky, ce qui limite naturellement l’audience potentielle de la F1.

Le cas des États-Uniset l’effet Netflix
Aux États-Unis, Liberty Media collabore avec ESPN, à qui elle a initialement offert les droits de diffusion en 2018. Entre 2019 et 2022, ESPN payait 5 millions de dollars par an pour ces droits, avant de signer un nouvel accord en 2022 pour 90 millions de dollars annuels, qui court jusqu’à fin 2025. Cependant, ESPN s’appuie largement sur la production de Sky sans investir massivement dans ses propres contenus. Netflix pourrait bouleverser ce paysage. Contrairement à ESPN, la plateforme pourrait ouvrir le marché en facilitant l’accès aux diffusions. Cela soulève des questions pour Sky : doit-elle maintenir des équipes complètes sur le terrain à chaque course ? Le public apprécie-t-il vraiment les analyses approfondies et les contenus pré-course coûteux ? Liberty Media est consciente de ces enjeux et mise sur son service F1 TV Pro pour répondre aux attentes des passionnés tout en captant directement les revenus d’abonnement.

Netflix et le sport en direct : une stratégie en expansion
Netflix n’en est pas à son premier essai dans le sport en direct. En 2023, la plateforme a diffusé la Netflix Cup, un évènement combinant pilotes de F1 et golfeurs professionnels. Elle a également recruté Kate Jackson, ancienne responsable de la couverture F1 chez ESPN, pour diriger son pôle de retransmissions sportives. Sans oublier la série « Drive to Survive », qui a joué un rôle clé dans l’expansion de l’audience de la F1. Netflix peut aussi s’inspirer de son expérience avec la NFL, où chaque match diffusé sur la plateforme a attiré plus de 30 millions de spectateurs dans 218 pays.

La fin de l’exclusivité ?
Dans l’immédiat, l’accord de Sky jusqu’en 2029 ne semble pas menacé. Toutefois, des sources estiment que Liberty Media pourrait multiplier les accords avec différents diffuseurs et plateformes de streaming pour maximiser son audience aux États-Unis, à l’image de la stratégie adoptée par la NFL, la MLB et la NBA. La tendance semble indiquer la fin des accords exclusifs. En diversifiant ses canaux de diffusion, la F1 pourrait toucher un public plus large, augmentant ainsi ses revenus et sa popularité. Si les contrats régionaux ont longtemps été très lucratifs, ils limitent également le développement du sport. L’exemple de « Drive to Survive » montre qu’une diffusion accessible et alternative peut ouvrir la F1 à de nouveaux horizons. Une stratégie que Netflix pourrait bien contribuer à concrétiser.

Djaffar KHODJA

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