
La superbe victoire de Cadillac Hertz Team JOTA lors des 6 Heures de São Paulo consacre la montée en puissance du constructeur américain. Ferrari reste néanmoins en tête des deux championnats et se tourne désormais vers la prochaine manche, programmée au COTA. À l’occasion de la cinquième manche du Championnat du monde d’endurance WEC 2025, disputée sur le circuit brésilien d’Interlagos, Cadillac Hertz Team JOTA a mis fin à la série de victoires de Ferrari, invaincue jusque-là avec sa 499P. La marque américaine s’est imposée de façon nette, plaçant ses deux voitures — les n°12 et n°38 — aux deux premières places de la course, malgré la rétrogradation en troisième position de Sébastien Bourdais sur la grille après une pénalité pour avoir gêné un adversaire en qualifications. Il s’agit de la première victoire en Hypercar pour Cadillac Hertz JOTA, après avoir frôlé le succès dès la manche d’ouverture au Qatar, avortée suite à un accrochage évitable à la relance après une période de Safety Car. Cette fois, la course a basculé en faveur des américaines après deux heures, lorsqu’elles ont dépassé la Porsche n°5 — leader jusque-là — qu’elles ont ensuite distancée de près d’une minute. À partir de la quatrième place, toutes les voitures ont été doublées par les Cadillac. La performance du trio gagnant de la n°12 — Alex Lynn, Norman Nato et Will Stevens — est d’autant plus remarquable qu’ils ont dû effectuer un drive through dans la première heure pour pression insuffisante des pneumatiques détectée avant le départ. C’est la deuxième victoire en Hypercar pour l’équipe JOTA, après celle obtenue en 2024 à Spa avec Porsche, ce qui témoigne de son expertise. Cadillac a donc eu le nez creux en nouant ce partenariat avec l’écurie britannique. La vitesse des Cadillac se confirme également dans la régularité : la n°12 avait déjà signé la pole position le mois précédent aux 24 Heures du Mans, et elle est la seule Hypercar à avoir participé à l’Hyperpole lors des cinq manches de la saison. Reste à voir si cette dynamique se poursuivra sur un tracé similaire à Interlagos : le Fuji Speedway.
Week-end difficileles Ferrari 499P
Comme redouté, la piste brésilienne, avec ses nombreuses courbes lentes, n’a pas convenu aux Ferrari 499P. Le meilleur résultat pour la marque au cheval cabré est une modeste 8e place, obtenue par la Ferrari jaune privée du team AF Corse — à deux tours des vainqueurs. C’est d’ailleurs cette voiture qui, comme au Mans, a devancé les deux Ferrari officielles (n°50 et n°51), jamais vraiment dans le rythme à Interlagos. Deux facteurs principaux ont pénalisé les prototypes italiens. D’abord, le déroulement linéaire de la course, avec seulement trois interruptions très brèves (Full Course Yellow), a limité les opportunités de jouer sur les stratégies, un domaine dans lequel Ferrari excelle cette saison. Ensuite, les incidents en piste et les pénalités ont enfoncé encore davantage les n°50 et n°51. Sans ces aléas, la n°51 aurait pu marquer quelques points précieux. Malgré cette contre-performance, Ferrari conserve largement la tête des classements Pilotes et Constructeurs. En pilotes, la n°51 reste en tête avec 105 points, devant la n°83 (89 pts) et la n°50 (57 pts). Au classement Constructeurs, Ferrari domine avec 172 points, contre 95 pour Toyota. À Maranello, tous les espoirs sont désormais tournés vers la prochaine manche à Austin (COTA), en septembre, où la n°83 avait triomphé l’an dernier.
Les autres constructeurs : entre espoirs déçus et retards persistants
Du côté de Porsche, la course s’est soldée par des 3e et 4e places, à respectivement 59 secondes et un tour des Cadillac. Si les 963 ont été compétitives durant les deux premières heures, elles ont ensuite cédé du terrain sans jamais pouvoir inquiéter les leaders. La saison reste ainsi frustrante pour le constructeur allemand, en mal de performances constantes sur l’ensemble des circuits. Peugeot continue son parcours discret. Les deux 9×8 terminent 6e et 7e à deux tours, après avoir montré un rythme honorable en début de course. Trop peu pour espérer mieux. BMW, prometteuse en début de saison, rentre bredouille. La n°15 de Vanthoor a abandonné très tôt suite à un problème de freins, tandis que la n°20 sauve une 6e place, elle aussi à près de deux tours. Toyota, de son côté, sombre dans une crise inédite. Les GR010 Hybrid terminent 14e et 15e, à quatre tours, pour la première fois hors des points depuis leur arrivée dans la catégorie Hypercar. La piste brésilienne, pourtant supposée favorable, n’a pas masqué les limites du prototype japonais, vraisemblablement arrivé en fin de cycle. Le BoP peu favorable n’explique pas tout. Entre les deux Toyota se glissent les Aston Martin Valkyrie, 13e et 16e. Un résultat certes modeste, mais prometteur pour une voiture encore jeune. Le projet extrême de la firme britannique montre un réel potentiel, notamment dans la gestion stratégique de la course. Enfin, les Alpine, à l’image des BMW, s’essoufflent au fil de la saison. Seul un 9e place pour la n°36 sauve l’honneur, tandis que la n°33 abandonne suite à un problème de système hybride ayant déclenché un voyant rouge, signalant un risque électrique. Par mesure de sécurité, le pilote a dû sauter hors de la voiture à pieds joints pour éviter toute électrocution. Une image rare, à l’image d’un week-end agité pour la marque tricolore.
Amayas LAAZIB