McLaren : voiture de championnat, l’équipe (et Norris) pas encore(et Norris) pas encore
Grand Prix de Hongrie
Il manque encore la dernière étape à l’écurie de Woking – et au pilote anglais – pour enfin viser le gros coup : le titre Pilotes.
Première ligne en qualifications, doublé écrasant en course sur une piste a priori moins favorable que les précédentes. Voiture rapide dans toutes les conditions et dans chaque configuration, mises à jour efficaces et ciblées pour toujours progresser. Et pourtant, McLaren se retrouve lourdement à la poursuite au classement avec 76 points à rattraper sur Max Verstappen et 51 sur Red Bull. Si le Championnat des constructeurs est complètement ouvert, grâce aussi à un Sergio Pérez en difficulté évidente depuis des mois, pour le titre Pilotes, la route est décidément en montée dans un festival d’occasions manquées, tant par McLaren que par Lando Norris. Et la Hongrie reflète malheureusement cette réalité : même en un jour de fête comme on n’en avait pas vécu depuis 12 ans, l’écurie de Woking a réussi à rendre tout le monde mécontent. Norris était mécontent, qui, au lieu de gagner huit points sur Verstappen, en a, en fait, perdu sept qu’il aurait mis de côté en cas de victoire. Piastri était également content à moitié, lui qui, sans aucun doute, imaginait une première victoire différente et non entourée d’une aura de polémique et de nervosité, comme en témoignent les derniers tours et les déclarations d’après-course.
Question de choix
Nous l’avons dit et écrit tant de fois : lutter pour le championnat est différent de courir pour la meilleure place possible. De nombreux facteurs entrent en jeu, du stress émotionnel à une manière différente d’aborder chaque Grand Prix, qui nécessite la capacité de regarder plus à long terme. Mais surtout, lutter pour le championnat est aussi une question de choix, d’autant plus lorsque vous avez deux pilotes compétitifs qui peuvent vous offrir les mêmes chances de victoire. C’est précisément le cas de McLaren qui, à ce stade de la saison, doit prendre conscience qu’elle a un certain écart à combler, qu’elle a la voiture pour le faire, et qu’elle doit choisir avec quel pilote aller à fond pour capitaliser sur chaque opportunité que l’adversaire – actuellement en crise – va offrir.
Ce qui a manqué à McLaren en Hongrie est probablement la capacité de prévoir certaines situations qui peuvent se produire (dans ce cas spécifique, Piastri qui sort premier du premier virage ou le deuxième arrêt au stand) et de planifier des solutions définies à mettre en œuvre, ainsi qu’une hiérarchie claire et convenue qui, avec tant de points à rattraper, devient plus qu’impérative. Au contraire, une certaine timidité à imposer sa position aux pilotes a émergé, déléguant au pilote lui-même et à son bon sens la décision finale. L’histoire est claire : Ferrari avec Schumacher-Barrichello et Vettel- Räikkönen, Mercedes avec Hamilton-Bottas, pour citer deux exemples.
Norris, manque la touche décisive
Mais celui qui doit encore travailler est Norris, qui continue d’être le véritable ennemi de lui-même et incapable de mordre avec la férocité d’un champion. Le départ continue d’être son talon d’Achille : l’Anglais n’a jamais réussi à gagner en partant de la pole et se retrouve toujours à devoir reconstruire ce qui a déjà été acquis en qualifications. Si à Barcelone l’émotion pouvait être une circonstance atténuante, Budapest confirme qu’il s’agit plutôt d’une difficulté technique que Piastri a démontrée ne pas avoir.
Lando aurait pu mieux gérer le changement de position « conseillé » par l’équipe en fin de course. L’Anglais a choisi de pousser très fort en ouvrant un écart de près de six secondes avec Piastri, comme pour démontrer à l’équipe qu’il était manifestement plus rapide que son coéquipier – et en effet, il l’était – en espérant un revirement de leur part. S’il l’avait fait passer immédiatement, il aurait pu exploiter sa vitesse pour mettre la pression derrière et peut-être attaquer l’Australien. Il manque peut-être encore ce niveau de confiance en soi, typique des champions, qui vous donne l’assurance de pouvoir tout faire. Bien sûr, avec le recul, c’est toujours beaucoup plus facile, mais il n’aurait pas dû se retrouver dans cette condition. Le Grand Prix de Belgique de la semaine prochaine sera un autre test très important : peut-être que le championnat est une utopie, mais il serait bon de voir une McLaren qui garde vivante l’étincelle de l’espoir.
Amayas LAAZIB