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Farid Boukaïs :  « Il faut mettre de côté nos divergences pour donner un nouvel élan à l’athlétisme algérien »

En exclusivité, le président de la Fédération algérienne d’athlétisme à Planète Sport

À votre élection à la tête de la fédération, comment avez-vous trouvé la situation de la FAA ?
Dès l’entame de ma mission en tant que président de fédération, j’étais face à un défi : celui de préparer les manifestations sportives internationales comme le Championnat du monde. C’était donc une situation délicate que nous avons rencontrée du fait qu’on était pris par le temps. Grâce à l’aide de la direction technique, on a su relever le défi et bien préparer les Championnats du monde où nous avons présenté 8 athlètes qui étaient dans les meilleures conditions.
À l’image des autres fédérations, vous étiez sans aucun doute confronté à un problème financier, car la préparation d’une telle échéance comme le Championnat du monde nécessite la disponibilité de gros moyens financiers pour permettre aux athlètes de bien se préparer et être dans les meilleures conditions ?
Effectivement, nous étions confrontés à des difficultés financières, car la préparation d’une telle échéance nécessite la disponibilité des moyens nécessaires, comme vous le dites. Fort heureusement, le ministère des Sports nous a aidés dans ce sens en nous facilitant la tâche, sans oublier le concours du Comité olympique qui a su débloquer la situation. Je tiens à saisir cette occasion pour remercier ces deux institutions qui nous ont accompagnés pour préparer les Championnats du monde et assurer aussi le déplacement des athlètes.
Dans votre plan d’action, avez-vous pris en considération le volet du sponsoring pour que la fédération puisse subvenir à ses besoins en prévision des prochaines compétitions internationales ?
Comme vous le savez, l’argent est le nerf de la guerre, et il est évident que moi et les membres de mon bureau nous penchons sur le volet du sponsoring qui est un élément incontournable, que ce soit pour préparer les rendez-vous internationaux ou pour faire progresser l’athlétisme algérien sur tous les plans. Nous avons d’ailleurs frappé à toutes les portes pour trouver les ressources financières nécessaires et avons établi un plan d’action dans ce sens. En parlant de sponsoring, je présente mes remerciements à la Sonatrach qui nous a soutenus financièrement lors des Championnats du monde qui se sont déroulés au Japon et nous a promis un parrainage pour d’autres évènements. À mon arrivée, où j’ai pris les destinées de la FAA, j’ai trouvé un sponsor qui a toujours aidé la fédération, à savoir la Sonelgaz, qui nous a accompagnés lors du Championnat du cross-country.
Si on évoque le volet des infrastructures, on est unanime à dire que l’un des problèmes de l’athlétisme algérien est le manque de moyens pour que les athlètes puissent se préparer dans les meilleures conditions, que ce soit pour les compétitions locales ou internationales ?
Vous avez évoqué un sujet pertinent, car c’est plutôt l’empêchement de l’utilisation des infrastructures disponibles qui pose problème et non réellement un manque. Si à Alger, les clubs et les athlètes peuvent s’en servir, dans les autres régions du pays, les clubs et les athlètes sont pénalisés. Les pouvoirs publics ont mis les infrastructures nécessaires pour que l’on puisse développer toutes les disciplines, et non uniquement l’athlétisme, mais je tiens à vous donner l’exemple de la région d’Oran : les athlètes sont confrontés à un véritable problème, car ils ne peuvent utiliser leur matériel sous prétexte qu’on doit préserver la pelouse. Comment voulez-vous donc qu’on puisse avoir des athlètes comme Zahra Tatar et Benhamouda ? En athlétisme, nous n’avons pas besoin de belles pelouses pour réaliser le travail, on peut travailler sur n’importe quelle pelouse, comme dans la discipline de lancer de marteau, le disque, le javelot et le décathlon. C’est donc beaucoup plus l’interdiction d’utiliser les infrastructures qui nous pose problème.
Avez-vous saisi la tutelle pour trouver une solution à cet épineux problème ?
Nous allons avant tout saisir les directions de la jeunesse et des sports pour essayer de trouver une solution, mais si le problème persiste, il est évident qu’on sera dans l’obligation de saisir la tutelle.
Si on parle du programme des centres de formation lancés, avez-vous tracé une stratégie pour qu’on puisse assurer la relève et développer la discipline ?
Si on nous accompagne dans notre plan de travail et celui de la formation, et je parle ici des moyens nécessaires pour qu’on puisse accomplir notre mission, je suis persuadé qu’on finira par cueillir les fruits de notre travail. Car les techniciens et les formateurs sont en train d’accomplir du bon boulot. Qu’on laisse donc travailler les gens et les assister, et je vous assure qu’on va relever le défi.
Toujours dans le cadre de la formation, certains estiment que le sud du pays représente un grand réservoir de talents qu’on pourra exploiter. Quel est votre plan de développement pour cette région ?
Avant de parler de la formation des talents au sud du pays, il faut savoir que le premier problème auquel les clubs et les athlètes de cette région sont confrontés est l’éloignement, ce qui est pénalisant à plus d’un titre. Imaginez que les athlètes doivent parcourir plus de 1 500 km pour prendre part aux compétitions nationales et que les clubs n’ont pas les moyens, cela est un véritable handicap. Nous allons donc saisir la tutelle pour qu’elle accompagne les clubs et les athlètes de la région du sud du pays pour assurer leur déplacement et leur participation aux différentes manifestations sportives, ce qui est à mon avis une bouffée d’oxygène.
Sur le plan international, certains pensent qu’il faut faire appel à des techniciens étrangers pour élever le niveau de nos athlètes afin de prétendre à de meilleurs résultats, comme par exemple au Championnat du monde ou aux Jeux olympiques…
Je ne suis pas de cet avis. Sachez que nos meilleurs résultats, que ce soit aux Championnats du monde ou aux Jeux olympiques, ont été obtenus grâce aux compétences des techniciens algériens. Il faut donc faire confiance à l’école algérienne et nos techniciens n’ont rien à envier aux techniciens étrangers. Il n’est un secret pour personne que dans le demi-fond, nous avons de bonnes compétences. Nous aurons peut-être besoin de l’apport de techniciens étrangers dans certaines épreuves. Mais dans l’ensemble, les techniciens algériens donnent entière satisfaction, et ce ne sont pas les résultats obtenus par Hamad, Hassiba Boulmerka, Djabir et d’autres athlètes qui vont nous contredire.
Si on parle maintenant de quelques problèmes d’ordre organisationnel, à l’image de la Ligue de Béjaïa qui est confrontée à un problème d’instabilité ?
Le problème de la Ligue de Béjaïa est d’ordre administratif et nous avons saisi la DJSL pour trouver une solution et tout faire pour régulariser la situation. Nous avons travaillé dans le but d’accompagner les ligues afin d’assurer la stabilité nécessaire et être en conformité avec la réglementation en vigueur. Il faut savoir aussi que pour la Ligue de Béjaïa, il y a une commission de transition qui a été installée pour assurer la gestion des affaires courantes et de notre part, nous ferons aussi de notre mieux pour l’accompagner dans l’organisation de la prochaine édition du cross-country.
Pour conclure, êtes-vous optimiste quant à l’avenir de l’athlétisme algérien ?
Je ne peux qu’être optimiste et il faut qu’on travaille tous pour le même objectif et réussir ensemble. Récemment, nous avons procédé à la nomination de M. Ahmed Boubrit en qualité de DTN, c’est une personne qui connaît bien la maison et qui a une grande expérience. Je suis certain qu’il va apporter un plus à l’athlétisme algérien. Je tiens à vous dire aussi que lors du récent collège technique, nous avons donné la parole à tout le monde et on s’est montré réceptif à toutes les doléances et propositions. Maintenant, il faut mettre de côté nos divergences pour donner un nouvel élan à l’athlétisme algérien.
Entretien réalisé par K. M.

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