
Le président de la Fédération algérienne de boxe se trouve actuellement dans la capitale italienne, Rome, où il participe au congrès de la World Boxing. Joint par nos soins, il s’est longuement exprimé sur les travaux de ce congrès et son intervention, tout en faisant le point sur la récente participation des boxeurs algériens aux Jeux de la solidarité islamique, qui se sont déroulés à Riyadh.
Comment évaluez-vous les travaux de l’Assemblée générale de la World Boxing ?
Les travaux du congrès de la World Boxing se déroulent dans un climat de totale transparence et dans d’excellentes conditions. Hier (dimanche), nous avons assisté à l’élection d’un nouveau président de cette institution, en la personne de Gennady Golovkin. C’est un boxeur de renommée mondiale, une icône reconnue dont le nom ne nécessite pas de présentation. Il succède ainsi au Néerlandais Boris van der Vorst, qui avait assuré la présidence auparavant. Par ailleurs, un vice-président a également été élu : il s’agit du Canadien Ryan O’Shea. Les discussions ont principalement porté sur l’évaluation des acquis de la World Boxing à ce jour et sur les perspectives d’avenir de cette fédération. De nombreux participants ont proposé des pistes et idées innovantes afin de faire progresser cette discipline à l’échelle mondiale.
En tant que premier responsable de la Fédération algérienne de boxe, sur quels sujets avez-vous axé votre intervention ?
Avant toute chose, la présence de l’Algérie à ce congrès, représentée par ma personne, manifeste de manière claire l’attachement profond de notre pays aux valeurs et à la mission de la Fédération internationale World Boxing. Au cours de mon intervention, j’ai fermement plaidé pour la création d’une Union africaine de boxe sous l’égide officielle de la World Boxing. Cette initiative vise à renforcer la régulation et le développement de la boxe en Afrique en conformité avec les règlements internationaux. La mise en place de cette Union africaine donnera un nouvel élan à la discipline sur le continent, en favorisant la coopération entre les nations africaines, le développement des talents et la montée en puissance de la boxe dans les compétitions mondiales. Je souhaite également que cette Union africaine bénéficie pleinement de l’accompagnement de la World Boxing, ce qui constitue un élément essentiel pour asseoir sa crédibilité et son efficacité.
Peut-on s’attendre à ce que la création de cette Union africaine de boxe sous l’égide de la World Boxing mettra fin à la dépendance vis-à-vis de l’IBA, notamment au moment où plusieurs pays, dont l’Algérie, n’ont pas participé aux derniers Championnats du monde organisés par cette instance controversée ?
Effectivement, l’importance de l’IBA (International Boxing Association) est désormais marginalisée, et aucune importance n’est accordée à ses activités et compétitions. La page de l’IBA est définitivement tournée, et la position de l’Algérie est claire et ferme à ce sujet. Nous sommes affiliés à la World Boxing et avons pour objectif d’être pleinement représentatifs au sein de ses structures. Il faut aussi souligner que, selon les directives du Comité international olympique (CIO), aucune compétition ne sera qualificative pour les Jeux olympiques de 2028, à moins d’être organisée sous l’égide exclusive de la World Boxing. Cela met fin à toute spéculation : la seule voie officielle pour la boxe olympique est désormais celle dictée par la World Boxing. Une fois encore, je réaffirme que la page de l’IBA est tournée.
En revenant à la participation des boxeurs algériens aux Jeux de la solidarité islamique, comment jugez-vous leur performance ?
Je ne peux que qualifier les résultats de très satisfaisants, voire encourageants. Lors de la précédente édition de ces jeux, l’Algérie n’avait remporté qu’une seule médaille de bronze. Cette fois-ci, celle qui vient de s’achever à Riyadh, la sélection féminine a réalisé une belle performance en décrochant trois médailles, dont une médaille d’or obtenue par Ichrak Chaïb ainsi que deux médailles de bronze. Quant à la sélection masculine, elle a glané deux médailles d’argent. Ces résultats constituent ainsi une excellente moisson et traduisent les efforts fournis depuis plusieurs années. Ils sont clairement prometteurs pour l’avenir de la boxe algérienne.
Cinq médailles sur sept boxeurs, c’est d’autant plus remarquable face à une concurrence rude, notamment avec des nations comme la Turquie en pointe dans cette discipline. Qu’en dites-vous ?
Il ne s’agit pas seulement de la Turquie, il y a aussi d’autres grandes nations de boxe reconnues sur le plan international, telles que l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, qui ont envoyé des équipes très compétitives. Il est important de souligner qu’à l’édition précédente l’Algérie avait engagé une délégation plus importante, composée de 13 boxeurs. Cette année, en raison d’un règlement plus strict des organisateurs, le nombre d’athlètes a été limité à 7 boxeurs seulement, répartis en trois messieurs et quatre dames. Par conséquent, obtenir cinq médailles sur seulement sept athlètes engagés est un exploit qui témoigne de la qualité et du potentiel indéniable de nos boxeurs. Sachez également que ces athlètes sont encore très jeunes, étant nés en 2006, ce qui laisse présager un avenir prometteur pour la suite de leur carrière.
Juste après avoir décroché la médaille d’or aux Jeux de la solidarité islamique, Ichrak Chaïb a également remporté la ceinture WBO. Pouvez-vous nous en parler ?
C’est une consécration historique pour la boxe algérienne et arabe. Ichrak Chaïb est la première boxeuse algérienne et arabe à franchir ce cap et à remporter un titre professionnel aussi prestigieux. C’est une athlète qui possède un avenir très prometteur devant elle. Sa participation à des compétitions de haut niveau, tant amateur que professionnel, ne pourra que renforcer son expérience et ses compétences. Cette réussite montre que nos athlètes, Ichrak en tête, mais aussi d’autres boxeurs, peuvent tirer un immense profit d’une implication dans le circuit professionnel, en participant à des combats et évènements mondialement reconnus.
En parlant de boxe professionnelle, qu’en est-il de la situation actuelle du dossier de la boxe professionnelle en Algérie, qui semblait au point mort ?
Ce dossier n’a jamais été gelé. Nous travaillons en ce moment avec beaucoup de rigueur et d’attention afin de lancer la boxe professionnelle en Algérie dans les meilleures conditions possibles. Notre objectif est de mettre en place un cadre légal solide, conforme à la législation nationale en vigueur, contrairement à ce qui s’est passé par le passé où les choses ont été lancées sans un cadre crédible suffisant. Il est essentiel d’établir un cahier des charges précis, définissant clairement les devoirs, responsabilités, et obligations de chaque partie prenante. Lorsque ces éléments seront finalisés, il n’y aura plus aucune hésitation à lancer officiellement la boxe professionnelle en Algérie, qui constituera une nouvelle étape majeure dans le développement de notre discipline. Je souhaite rassurer l’ensemble des acteurs et des passionnés : nous sommes sur la bonne voie pour donner un nouvel élan et écrire une nouvelle page brillante de la boxe algérienne, en continuant à croire fermement en un avenir radieux.
Entretien réalisé par K. M.



