Dans des conditions dantesques à l’Acropolis Rally de Grèce (26–29 juin), Ott Tänak (Hyundai) a signé la première victoire de la saison pour le constructeur coréen, mettant fin à l’hégémonie de Toyota commencée en début de saison.
Le pilote estonien, déjà sacré champion du monde en 2019, s’impose avec 32,8 secondes d’avance sur le légendaire Sébastien Ogier, qui termine à la seconde place. Son coéquipier Adrien Fourmaux complète le podium, offrant à Hyundai un doublé salutaire. Les spéciales grecques, redoutables pour les mécaniques et les pneus, ont mis à rude épreuve les concurrents, sous une chaleur implacable pouvant provoquer jusqu’à 70 °C dans les cockpits. Tanak a mené la danse en remportant cinq des six spéciales du samedi, distançant Ogier de plus de 43 secondes. Sa stratégie, basée sur un pilotage contrôlé et une gestion rigoureuse des risques de crevaison, a payé, notamment grâce à sa position de départ plus favorable, évitant les pistes les plus dégradées. Mais le final a été éprouvant : un problème de boîte de vitesses – la troisième vitesse devenant « très bruyante » – l’a contraint à serrer les dents pour boucler la dernière spéciale de 50 km. « J’ai vraiment cru que je ne finirais pas », confiait-il encore haletant à l’arrivée .
Au championnat, Tänak refait la course : il revient à seulement douze points d’Elfyn Evans (Toyota), désormais en tête. Ogier, en part time, se positionne à neuf longueurs d’Evans, relançant définitivement la lutte au sommet.
Ce succès, le 22ᵉ en WRC pour Tänak et le premier de l’année pour Hyundai, constitue un tournant manifeste dans le championnat. À l’Acropole, terrain de brutalité mécanique, Tänak a démontré une maîtrise hors pair – comme un chef d’orchestre dominant un opéra. Sa capacité à doser l’attaque, à préserver sa voiture et à absorber la pression de rivaux prestigieux (Ogier, Evans) révèle une maturité redoutable. Prochaine halte : son Estonie natale (17–20 juillet). Sur son terrain, Tänak pourrait accentuer encore davantage sa domination. Toyota, de son côté, est prévenue : le pilote estonien est prêt à jouer les trouble-fête jusqu’au bout, en quête d’un nouveau sacre.
Djaffar KHODJA
