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Piastri contre Norris : le duel est lancé

La lutte semble se résumer entre les deux équipiers

Le Grand Prix de Barcelone pourrait bien rester dans les mémoires comme un tournant majeur de la saison, peut-être même de l’histoire récente de la Formule 1. Il pourrait marquer la fin de l’ère Max Verstappen — ou du moins de sa première ère — celle des titres mondiaux à la chaîne, qui devrait probablement s’arrêter à quatre. Et en parallèle, il pourrait consacrer le grand retour de McLaren.

Un retour amorcé dès la saison dernière, avec une remontée fulgurante puis un titre constructeur. Cette impression repose sur deux faits marquants. Le premier est d’ordre technique : la directive sur les ailerons avant. « Je crois que nous sommes la seule équipe à ne pas avoir signalé de modifications », a déclaré calmement le team principal Andrea Stella. Autrement dit, McLaren était censée être — ou espérée comme — la grande perdante de ce changement réglementaire. Et pourtant, les qualifications comme la course ont clairement montré que l’équipe britannique n’en a absolument pas souffert. Rien, zéro impact.
Le second élément qui renforce l’idée d’un titre pour McLaren est l’erreur de Max Verstappen. Le seul pilote, jusqu’à présent, qui semblait encore capable de s’intercaler entre les deux voitures orange papaye. Ce qu’il a brièvement réussi au départ, avant d’être repris par Lando Norris. Une inversion logique des positions qui reflète fidèlement la hiérarchie actuelle en piste. Max est arrivé en Espagne avec 25 points de retard sur Oscar Piastri. Il repart avec un déficit de 49, notamment à cause d’une pénalité.

Une pénalité qui en dit long

Ce n’est pas tant l’écart qui s’est creusé qui interpelle, mais plutôt la raison de cette pénalité. Elle trahit un Verstappen aux abois, tout comme Charles Leclerc, qui a tenté une stratégie étrange en Q3 : un seul relais pour préserver un train de pneus. Si Red Bull et Ferrari en sont réduites à ces artifices pour suivre le rythme, c’est que McLaren a déjà pris le large. Max a tenté une stratégie à trois arrêts et s’est ensuite adonné à une de ses manœuvres les plus classiques : en cas de duel en virage, il refuse simplement de tourner, reste droit et pousse l’adversaire hors de la piste. Une tactique qu’il utilise souvent, et qu’il n’a pas hésité à ressortir dimanche, visiblement agacé d’avoir été dépassé deux fois en quelques secondes sans même savoir qu’il était sur des pneus durs. « Les trois arrêts m’ont permis d’être plus offensif, de m’amuser davantage plutôt que de gérer », a-t-il expliqué. « Parfois ça marche, parfois on n’a pas de chance. Cette fois, ça n’a pas marché. »

Le championnat entre papayes

Tout porte donc à croire que le championnat va se jouer entre les deux McLaren. À l’heure actuelle, Oscar Piastri et Lando Norris ne sont séparés que par 10 points. Andrea Stella les a d’ailleurs remerciés pour la manière dont ils gèrent leur rivalité. Même si, comme tout le monde, il sait que la tension ne pourra qu’augmenter dans les prochaines semaines. Il ne faut pas oublier qu’après sa victoire à Bakou l’an dernier, Piastri s’était bien gardé d’aider son coéquipier Norris lorsqu’on le lui avait demandé. C’est sans doute cette lutte interne qui maintiendra un peu d’intérêt pour le championnat, car ni l’un ni l’autre n’a vraiment un profil de superstar charismatique. Enfin, pas tous les deux. Norris, oui : c’est de loin le pilote le plus présent sur les réseaux sociaux, le plus « Netflix-compatible ». Il a su séduire les jeunes générations, qui l’adorent indépendamment de ses résultats. Il est devenu populaire avant même de gagner, en grande partie grâce à sa maîtrise de la communication. Pourtant, ces derniers temps, il semble moins capable de captiver. À l’inverse, Piastri est l’exact opposé : il parle peu, montre encore moins d’émotions. Et pourtant, en piste, il a tout pour faire vibrer les foules — même les puristes. C’est peut-être là que se trouve la clé de ce duel à venir : une confrontation entre deux styles de vie, autant que de pilotage. Reste à voir lequel séduira le plus. Mais une chose est sûre : il ne faudra pas trop compter sur leurs déclarations pour enflammer les débats.

Amayas LAAZIB

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